Mais dans l’absolu on n’a pas besoin de la menace climatique pour vouloir sortir du capitalisme,
[...] le changement doit être accepté par la population. Si elle se sent manipulée, c’est cramé.
Je suis assez d’accord là-dessus.
De même qu’être anticapitaliste n’est dans l’absolu pas nécessaire pour se soucier du climat.
Il n’empêche que les deux sont en pratique intimement liés, et la démonstration en est assez claire (accords OMC, dérèglementations, extractivisme, #TAFTA etc).
Autre extrait du texte :
La principale contradiction du livre est de se focaliser sur les mouvements sociaux, les manifestations et les mobilisations de la base, alors que l’ampleur de ce qu’il faut réaliser dépasse de beaucoup le champ d’action des mouvements sociaux. Une remise en cause fondamentale du capitalisme dépasse le cadre des protestations locales. La mise en œuvre d’interdictions strictes (de forage, d’utilisation de polluants) et la réduction massive des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas du ressort de communes autogérées. Naomi Klein a certainement raison de ne placer aucune espérance dans la démocratie électorale, où les intérêts économiques et les calculs électoraux à court-terme tendent à primer sur considérations environnementales. Mais elle est trop optimiste sur le pouvoir des mouvements sociaux ou sur l’exemple des peuples indigènes qui résistent aux multinationales. Dans son livre, on ne voit pas comment on pourrait passer des mobilisations locales à une transition planétaire en dehors du capitalisme. D’aucuns pourraient d’ailleurs penser qu’au bout du compte, seul un pouvoir autoritaire pourrait mettre en œuvre les changements nécessaires. Le modèle de la société durable de Naomi Klein est celui des peuples indigènes : une société sans géopolitique, sans politiques publiques, qui seraient magiquement débarrassées de l’influence néfaste du lobby pétrolier grâce aux mobilisations citoyennes. Ce n’est pas que cette société soit impossible, mais elle est inenvisageable dans les dix ans à venir. Or, et c’est Naomi Klein qui le dit elle-même, il faut absolument agir dans les dix ans qui viennent. Du coup, l’espèce d’incantation new age sur le retour à la nature sonne comme une forme de résignation paradoxale sur l’inéluctabilité du changement climatique.
#administration_du_désastre
Il est probable que des mouvements sociaux puissants soient nécessaires pour mettre en œuvre ce types de politiques publiques ; il est certain que dans la réalité de 2014, une taxe carbone significative et un marché des émissions restrictifs sont plus efficace pour réduire les émissions qu’une hypothétique interdiction des énergies fossiles.
#pollutaxe
Enfin, le livre ne parle pas de la question démographique. Naomi Klein fait comme si le seul problème était celui des modes de vie. Mais il n’est pas évident que la Terre puisse nourrir plusieurs milliards d’humains supplémentaires. L’agriculture productiviste n’est pas écologiquement soutenable. Le problème est donc de déterminer le nombre d’humains qui pourraient se nourrir avec une agriculture durable.
Il annonce 11 milliards mais ça c’est parce-qu’il ne connaît pas la #biointensive qui nous approche plutôt des 30, auxquels on n’arrivera très probablement jamais. ça ne règle effectivement pas le problème de la répartition de la population (de plus en plus urbaine) mais ça donne au moins un peu plus de marge.