• Cuba, le pays où l’agroécologie est vraiment appliquée - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6694

    Concrètement, l’agroécologie cubaine, ça ressemble à quoi ?

    Beaucoup d’#agriculture_urbaine : Cuba compte plus de 380 000 exploitations agricoles urbaines, qui produisent plus de 1,5 million de tonnes de légumes. Ces exploitations fournissent 70 %, et parfois plus, des légumes frais à La Havane.

    Et puis surtout, il y a le mouvement « Campesino a campesino » (De paysan à paysan). Le paysan est acteur de l’innovation technique et sociale. C’est lui qui teste l’#agroécologie sur ses terres. Il y a aussi des ateliers de formation, des échanges de semences et des forums régionaux et nationaux de partages des savoir-faire.

    L’agroécologie produit 65 % de l’alimentation du pays, alors qu’elle ne couvre que 25 % des terres agricoles. Ce mouvement agroécologique est justement au coeur de notre documentaire. Nous voulons filmer ces échanges, ces pratiques, ce mouvement social qui pourrait en inspirer d’autres.

    La question sous-jacente est de savoir si l’agroécologie est un choix conjoncturel sur le court terme qui a été appliqué dans un temps particulier de crise, ou si c’est un choix structurel qui pourrait installer une vraie souveraineté alimentaire pour le pays ?

    Quelle différence entre l’agroécologie cubaine et française ?

    C’est une question complexe. À Cuba, le gouvernement peut définir un choix politique et organiser les règles du jeu de l’économie. Nous, on est dans des pays d’économie de marché, et où on a des gouvernants qui disent : « J’aimerais bien pouvoir faire çà, mais si je décide d’aller dans tel sens, on aura la fuite des capitaux, si je décide de favoriser les entreprises locales, je suis en désaccord avec l’Organisation mondiale du commerce ».

    Cuba se crée des marges de manœuvres et c’est quelque chose d’important dont nous pourrions nous inspirer.

    En France, on a une concentration rapide et forte des terres, une diminution du nombre de paysans. À Cuba, il y a eu une redistribution des terres extraordinaire : en dix ans, plus de un million et demi d’hectares ! À l’échelle française, ça voudrait dire les Midi-Pyrénées et l’Aquitaine.

    En France, le discours ambiant prétend que les deux agricultures peuvent très bien cohabiter, qu’on peut très bien avoir une agriculture paysanne et puis une agriculture plus intensive, plus exportatrice. Mais c’est très compliqué de parler d’agroécologie et en même temps d’avoir des discours sur la compétitivité avec tout ce qu’il y a derrière, à savoir la main-d’œuvre pas chère dans les fermes, l’agriculture industrielle.

    Est-ce que nous voulons une agroécologie paysanne à taille humaine avec une multitude de paysans ou une agroécologie intensive de supermarché avec une main mise de quelques agromanagers qui pourront choisir comment ils veulent nous nourrir ? Ce sont deux projets de société très différents.

    #souveraineté #agrobusiness #foncier
    cc @nicolasm @odilon