Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • Donner plus à ceux qui ont moins. (Éveline Charmeux)
    http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2014/12/20/255-donner-plus-a-ceux-qui-ont-moins

    Donner plus à ceux qui ont moins : tout, dans cette formule, est à revoir.
    Donner : […] une chose est certaine, pour l’école, le verbe « donner » est inapproprié : celle-ci n’a pas à DONNER, elle a à RENDRE DISPONIBLE, et pour tous. Cela n’a rien à voir.

    Plus : comme d’habitude on confond « plus » avec « mieux ». […]

    Ceux qui ont moins : moins de quoi ? Et pourquoi ? Surtout, pourquoi en faire une catégorie à part ? […] Toute discrimination est dangereuse, même prétendument positive : elle colle une étiquette sur le discriminé qui le dévalorise et l’infériorise. On connait cet effet depuis longtemps sous le nom « d’effet Pygmalion ».
    Ce danger, on le trouve encore dans la plupart des dispositifs de lutte contre l’échec scolaire, apparemment intelligents, mais pollués par une interprétation discriminante. […]

    Le point de vue iconoclaste mais, comme souvent, intéressant d’Éveline Charmeux…

    Ce qu’on attend, en lieu et place de cette formule prétendument charitable, ce qu’on espérait en 81, et qui fut le début d’une longue séries de déceptions, c’est de faire en sorte que l’école soit le lieu où TOUS LES ÉLÈVES vivent la richesse d’expériences et de culture que la famille offre à quelques-uns.
    Un lieu où les richesses des uns et des autres sont mises à la disposition de tous.
    Un lieu où les différences de milieux familiaux cessent d’être jugées en termes de « plus » ou « moins », mais en termes de différences, tous également susceptibles d’apporter des savoirs au groupe classe, dont l’hétérogénéïté est un atout à exploiter, et non une gêne.
    C’est en mettant tous les élèves à apprendre ensemble, à travailler en petits groupes hétérogènes, qu’on luttera contre l’injustice qui fait de la précarité sociale, la première cause d’échec scolaire, alors qu’aucune fatalité ne lie ces deux faits. Et cela sans se préoccuper des « niveaux » : c’est une notion qui disparaît dès qu’on fait travailler les élèves en groupes solidaires où tout se partage, les expériences, les erreurs de chacun, et les apports de chaque famille, quelle qu’elle soit.

    Si le point de vue de E. Charmeux relève certainement de l’utopisme républicain, il me semble qu’il porte deux questionnements intéressants : la question du comment et au-delà des moyens, la question des finalités.

    #éducation #éducation_prioritaire #discrimination_positive #discrimination #inégalités #effet_Pygmalion