Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Ces tâches « à la con » qui vident nos métiers de leur intérêt - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2013/09/14/taches-a-con-vident-metiers-interet-245542

    Ce qui fait la nouveauté du moment actuel, c’est que la bureaucratie dont il est question aujourd’hui est avant tout une bureaucratie d’entreprise. (C’est pour cela qu’avec des collègues, nous avons intitulé notre livre collectif « La Bureaucratisation néolibérale ».)

    Avec le néolibéralisme, la part des tâches dont on a l’impression qu’elles ne servent à rien – et même plus, dont on a l’impression qu’elles font dévier du « vrai » travail, du sens du métier – s’accroît.

    Et elle s’accroît du fait de cette managérialisation de toutes les activités, du fait de la diffusion de ces formalités issues de la grande entreprise complexe et sophistiquée.

    Or cette organisation nouvelle du travail, qui donne une part importante à des tâches éloignées du métier, est liée à un changement de regard : peu à peu, on n’a plus regardé la productivité à partir du niveau des salaires, mais à partir de l’organisation du travail et de la maîtrise des coûts, et on a intensifié l’usage de la comptabilité.

    Ainsi s’est développé, à côté du métier, l’usage de règles, de procédures de codage, de critères et de normes… qui s’éloignent de la conception purement technique du métier.

    A quel point est-ce un processus conscient ?

    C’est un processus en partie intentionnel et conscient, et cela constitue un paradoxe intéressant à analyser.

    L’évolution du capitalisme vers une « efficacité », une « productivité », une « performance » toujours plus grande se fait aujourd’hui à travers des techniques (comptables, d’audit et d’évaluation quantitative) qui donnent le sentiment à un nombre croissant de personnes que leur occupation est « à la con », et qu’elle est en outre « non productive » comme le rappelle Graeber lorsqu’il parle d’inutilité.

    Ce qui constitue le paradoxe, c’est que cette inutilité perçue par un nombre croissant d’employés est considérée par les dirigeants et managers d’entreprises comme l’expression même de l’utilité, de l’efficacité.

    Pour eux, la recherche d’efficacité et de productivité accrues ne peut se faire que par le développement de ces techniques formelles ainsi que du contrôle, de l’évaluation, de l’audit… qui expliquent l’explosion des tâches « à la con », y compris au sein des métiers les plus techniques et qui exigent des compétences très pointues.

    #néomanagement #néolibéralisme #travail