• Milliardaire c’est beaucoup mieux que chômeur, on aurait du y penser.
    http://blogs.mediapart.fr/blog/bruno-painvin/070115/milliardaire-cest-beaucoup-mieux-que-chomeur-aurait-du-y-penser

    Interrogé par Les Echos lors d’un déplacement à Las Vegas dans le cadre d’un salon international consacré à l’électronique, Emmanuel Macron déclare "qu’il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires".

    Il a raison, c’est évident, on aurait du y penser !

    Il suffit de vouloir ! et de faire le bon choix !

    Ce n’est pas plus compliqué que cela...

    On reste admiratif devant un tel talent pédagogique, cette capacité à simplifier des enjeux parmi les plus essentiels, c’est à ces petits riens qu’on reconnait les grands hommes.

    Le chômeur, surtout en fin de droit, ne peut quasiment plus rien faire, ni se loger, ni s’alimenter correctement, il se néglige en terme d’hygiène, il se soigne moins voire plus du tout, il ne part jamais en vacances et roule dans une vieille guimbarde polluante dont les pneus lisses menacent d’exploser à tout moment.

    Un danger publique. 

    A force de misère et au bout de tout, il termine sa pitoyable carrière de chômeur sur le trottoir et rejoint la cohorte des sans abris.

    Un être parfaitement nuisible qui donne une image détestable de la France.

    • Je suis toujours gênée par ce genre de discours cynique parce que cela singe trop parfaitement la pensée dominante sans donner d’issue de secours.
      Dénoncer les paroles éculées de Macron qui puent le French Dream de droite, oui, mais que dire face à tous ces enfants qui veulent devenir riche, être commercial et manager ? Est-ce qu’il ne faudrait pas les aider à penser politique, à démolir la figure du milliardaire plutôt que leur donner des arguments, même cyniques, contre les pauvres ?

    • @touti je n’aie du tout la même lecture, je trouve que ce texte est drôle car il s’en prend bien - sans "dénonciation, par l’exemple, la satyre - au cynisme (au sens actuel pas à pas celui des Grecs anciens) et à la bonne conscience. En cela c’est une « issue de secours » qui permet de mettre à distance - on doit sans cesse recommencer (...)- des représentations sociales dégueulasses.

      Pas impossible, d’ailleurs, que les chômeurs soient responsables de la rétrogradation de la France qui passe de la 5e à la 6e place, en terme de #puissance économique mondiale.

      Alors que le milliardaire sent bon, est propre sur lui, roule dans de magnifiques #4x4 allemands gis métallisé, toujours souriant et discret, il a du charisme voire du sex appeal.

      Jeune ou vieux, il est attirant, il donne envie, ses #femmes aussi.

      Le #chômeur est repoussant, il divorce trop vite, incapable de subvenir aux besoins de sa #famille. Divorcer ? non, pas vraiment, il s’en va sans laisser d’adresse, comme un lâche, à la cloche des bois...de toute façon un avocat ça coûte trop cher, inutile même d’y penser.

      Le chômeur ne sert à rien quand bien même il règle ses impôts, le milliardaire est moins con...il « optimisme », c’est dans ses gènes, la #loi l’y encourage, le chômeur ne comprend rien au Code Général des Impôts, plus largement, il ne comprend rien à rien.

      François Rebsamen n’a pas d’opinion arrêtée sur les milliardaires, en revanche il en a des tas à propos des chômeurs, il pense que ces fumistes ne cherchent pas sérieusement du #travail.

      Le chômeur est un fainéant en plus d’être un « éternel #assisté ».

      Emmanuel Macron n’est pas très éloigné de Jacques Séguéla qui nous expliquait qu’un homme de 50 ans qui n’a pas de Rolex a loupé sa vie.

      Ils ont raison, je n’ai jamais vu de chômeur porter de Rolex.

      Des loosers ces chômeurs, jamais à l’heure, toujours à se plaindre, à gémir, des DÉFAITISTES !

      C’est à cause d’eux, ce climat de renoncement, ce pessimisme ambiant.

      Le milliardaire est OPTIMISTE !

      C’est rassurant d’avoir des ministres comme ceux que nous propose François Hollande depuis deux ans et demi.

      Des socialistes, des vrais, des purs et durs.

      Grace à eux, les milliardaires voient la vie en rose.

      C’est déjà ça.

      #humour

    • J’entends bien que ce texte se veut humoristique.
      Sauf que je me demande au-delà de l’amusement du rédacteur pourquoi il semble toujours plus courant, donc aisé, d’écrire un texte moquant la position déjà difficile des #dominés.
      Le pauvre est-il devenu le nouveau nègre à moquer politiquement correct ? Il suffit de remplacer le mot pauvre pour comprendre la violence que je ressens.
      Et je m’interroge aussi sur d’autres perceptions que la mienne, qu’entendent les lecteurs pauvres qui intériorisent le discours de comptoir anti pauvre qui leur est seriné tous les jours ? Pour avoir vécu et vu des amis en situation de grande précarité, je ne crois pas que la lecture les fasse rire ou relève leur moral. Mais peut-être n’est-ce pas à eux que ce texte s’adresse.

    • Certes, je suis pas « en grande précarité », sinon je posterais pas ici ou bcp, bcp moins, juste au RSA depuis trop longtemps, pas du tout sûr de garder mon appart, contraint à des récup pas toujours très sympa, aux désagrément du coivoturage commercial si je veux bouger de là où je vis, ai bien du mal à croire que cela pourrait s’améliorier individuellement au vu de la situation générale, de mon appétence assez faible pour les emplois de merde, l’individu économique, etc. Si je ne suis pas « désinséré », la question se pose néanmoins avec la tendance au repli que comporte cette sorte de vie que je mène actuellement. En tout cas, je ne suis pas toujours assez costaud ou déterminé pour être exempt des effets délétères des représentations dominantes. D’autant que des engagements collectifs qui furent pour moi porteurs (les « supports sociaux » comme disent les sociologues, il en faut, on en trouve des donnés, et on en construit aussi) sont peu ou prou en voie d’effondrement. Vacuité.
      J’ai pas d’avis pour tous et n’importe qui, mais ce texte me fait rire, me rend plus léger (et pourtant c’est un « Consultant, redressement entreprise, stratégie et communication » qui le publie sur médiapart, ce qui me rend d’emblée réticent, me fais penser qu’il préfère la culture d’’entreprise au plus cash culte de l’argent).
      Du coup j’ai tendance à présumer qu’il peut en être de même pour d’autres. J’y vois une forme de renversement des places, ça rappelé que du possible existe, que l’ordre « naturel » des gens et des choses est pas fatal. Bon, ça pourrait être plus carnavalesque, ou plus profond, d’accord mais pour moi ça fonctionne. Y compris comme « riche potentiel » : il m’est arrivé - au chapitre de ce que les représentations usuelles on y échappe jamais tout à fait- de rêvasser m’imaginant avoir gagné au loto (mais je dois être « né pour un petit pain », comme on dit au Québec, c’était un million pas des milliards), hop faire plaisir et se faire plaisir, ne pas être coincé, par magie.
      Un texte comme ça ("passer du 5e au 6e rang mondial", etc) aide à ce que ce genre de distraction soit prise pour ce qu’elle est, une fuite sans chemin (je joue pas à ces trucs bien sur, je paye déjà trop de TVA comme tous les fauchés, vais pas y ajouter cet impôt volontaire là, je fais ça ailleurs, quand c’est possible).
      Un tel texte, ça règle rien, je continuerais à connaître des moments où en plus d’être fauché je dramatise à outrance le manque de fric ou de reconnaissance sociale, et même des moments où dans cette ville de merde qu’est Paris où l’argent compte tant, je n’oserais pas sortir étant pas sûr de pas éprouver trop violemment le manque d’argent (jusqu’à l’exil hors la ville, contraint et forcé ?). Sans même être encore capable d’utiliser ce qui est gratuit ou peu coûteux, « obligé » de me retrancher pour me protéger d’un monde oppressant.
      Pour moi ce qui est moqué dans ce texte c’est le culte de l’or par ces veaux (j’aime bien les veaux, commencez pas...), et ce qui est relativisé, mis à distance, chamboulé c’est l’inévitable adhésion subjective à « sa » place sociale dévalorisée.
      Il ne s’agit que d’une lecture, et je suis aussi démuni que d’autres en ce moment pour imaginer et mettre en oeuvre des actes qui en prolonge et en matérialise les effets. Mais un peu d’air, ça aide à respirer. On verra si des chemins se présentent. Malgré la chape de plomb de l’union nationale qui vient ces jours ci aggraver encore tout ce que l’on a déjà connu, et pour combien de temps... (Il a fallu plus de 12 ans après le 11 septembre pour voir arriver le mvt Occupy au States, par exemple).
      Sans doute digressif, incompréhensible ou inacceptable, avec toutes mes confuses.