Charlie et le délire compassionnel
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Sous couvert dâune interprĂ©tation particuliĂšrement perverse [7] de la « #laĂŻcitĂ© », et du droit Ă critiquer toutes les religions [8], le journal a laissĂ© libre cours Ă ses penchants islamophobes. Cela a donnĂ© quelques chefs-dâĆuvre des monuments de la libertĂ© dâexpression que nous devrions dĂ©fendre de maniĂšre inconditionnelle, tel ce « monument Ă lâesclavage du contribuable autochtone blanc », alors que « Le Coran ne dit pas sâil faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chĂŽmage et dâallocs », vicieuse inversion du rapport raciste. On y est aussi invitĂ© Ă rĂ©pondre Ă cette question hautement impertinente, qui contient sa propre rĂ©ponse : « Les frites seront-elles bientĂŽt toutes halal en Belgique ? Quelques barbus sây activent, et combattent la dĂ©mocratie qui leur permet dâexister ». A ceux qui ont lâoutrecuidance de faire remarquer de tels propos doivent ĂȘtre combattus, tout comme doivent lâĂȘtre les propos antisĂ©mites, sexistes et homophobes, Charlie Hebdo rĂ©torque que « les musulmans doivent comprendre que lâ#humour fait partie de nos traditions depuis des siĂšcles ». A chacun sa tradition : celle des Musulmans nous est donnĂ©e Ă voir par le dessin dâun un imam habillĂ© en PĂšre NoĂ«l en train dâenculer une chĂšvre, avec pour lĂ©gende : « Il faut savoir partager les traditions » [9]. Cette dĂ©sinhibation raciste, qui a cherchĂ© Ă se dĂ©guiser en subversion et en impertinence, a Ă©tĂ© en rĂ©alitĂ© facilitĂ©e dans le contexte dâune France sarkozyste aux relents pĂ©tainistes, dont le prĂ©sident a remerciĂ© le rĂ©dacteur en chef de lâhedomadaire pour sa loyautĂ© en le propulsant Ă la tĂȘte dâune radio nationale. LâĂ©poque est depuis longtemps rĂ©volue oĂč Charlie Hebdo Ă©tait rĂ©guliĂšrement soumis Ă la censure du pouvoir et pouvait de ce fait se prĂ©senter comme subversif et courageux. Il est aujourdâhui devenu lâami des puissants, et au cri de « Je suis Charlie », câest ce caniche des va-t-en-guerre quâon essaie maintenant de nous prĂ©senter comme le dernier rempart contre la barbarie.