Sombre

“When all are guilty, no one is; confessions of collective guilt are the best possible safeguard against the discovery of culprits, and the very magnitude of the crime the best excuse for doing nothing.” (Hannah Arendt) Laŭ la krio de la koko tuj spirito ĉiu, kie ajn li vagas, rapidas hejmen (L.L. Zamenhof)

    • Je sais que pour une affiche ou un sticker il faut faire bref.
      Mais je me sais manipulable, et je pense qu’il serait très imprudent de ma part de me prévaloir du contraire.

      J’aurais plutôt écrit- mais ça n’engage que moi, quelque chose du genre :

      je sais trop bien combien je suis manipulable, mais faudrait voir à ne pas me prendre trop longtemps pour une buse.

      Sans compter que « Les familles des victimes de Charlie Hebdo », ça me paraît une possible maladresse ?

      Depuis que j’ai appris la nouvelle, mercredi en tout début d’après midi, je suffoque.
      La liberté d’expression, cette pauvre serpillière, c’est aujourd’hui de communier dans un creux et insensé « je suis Charlie ».
      D’étonnants libertaires qui hier conchiaient ce journal font depuis trois jours un bâillon avec, et s’efforcent de lobotomiser préventivement avec le plus largement possible. On a parlé du « désarroi des enseignants » face aux réactions des élèves. je suis plus inquiets de voir ces mêmes enseignants empressés de faire arborer et écrire des « Je suis Charlie » à des enfants de 8 ans.
      Le zèle imbécile dans la manifestation d’émotion, non merci.

      Je me tiens le plus possible à distance de la presse et des média depuis mercredi.
      La grosse émotion collective, le décervelage, l’imbécilité débridée... On étouffe. On suffoque. Ôtez moi ce bâillon.
      Je ne suis pas Charlie. Je ne veux pas de ces sales jeux SM.

    • Ce qui se passe aujourd’hui, la manifestation d’Union sacrée derrière les principaux responsables de la politique européenne au Moyen-Orient et dans le monde qui aura lieu dimanche constituent le plus beau cadeau que l’on puisse faire aux instigateurs de l’assassinat, quels qu’ils soient.

      Ce qui me met dans un état proche du désespoir.

    • Je ne sais pas vous, les ami⋅e⋅s, mais perso, je n’ai encore réagi nulle part, à part ici.

      Je ne sais absolument pas quoi dire ni surtout comment le dire, dans les cercles d’ami⋅e⋅s et familles où quasiment 100% relaient la même chose.

      Et dimanche je ne sais pas si je dois faire ou dire quelque chose. Je n’ai vraiment aucune idée de comment m’y prendre.

    • Autant j’ai été agréablement surpris par les rassemblements de mercredi et jeudi que je veux bien croire spontanés, autant l’idée de défiler dans un cortège de vieux politicards hypocrites et corrompus me fait gerber. Convoquer le ban et l’arrière ban de la crapule qui nous plombe depuis plusieurs décennies pour une indignation clientéliste sous couvert d’une unanimité (à quoi ?) d’une union sacrée (pour faire front dans une juste guerre des civilisations sûrement ?), ce sera sans moi. Ce qui est arrivé est malheureusement la conséquence des errements politiques et sociétales du monde occidental et ces mêmes politicards qui viendront demain battre le pavé parisien feraient bien de faire profil bas.
      Vive la société multiculturelle ! Vive le monde multipolaire ! (et fuck tous les clergés tant laïques que religieux.)

    • @RastaPopoulos : à partir de jeudi midi, la question a été posée de savoir si le site web de l’école élémentaire (en fait ancienne école, mais je suis toujours dans le circuit) de ma fille devait mettre Je suis Charlie sur le site.
      Ça m’a obligée à formaliser mon refus intuitif et à le présenter en quelques phrases argumentées. Les réactions, parfois vives…, m’ont fait avancer dans ma formulation.
      Après une journée d’échanges, deux intervenant.e.s qui ne s’étaient pas exprimé.e.s ont exprimé des réserves. L’affaire n’est pas finie, puisqu’aux dernières nouvelles, la personne qui gère physiquement le site ne voit pas de problème et propose « de faire simple » en mettant directement la fameuse mention…

      C’est, en dehors d’ici, le seul endroit où j’ai eu une expression (semi-)publique.

    • Pas eu le courage de demander pourquoi ou d’argumenter quand A. me dit au téléphone qu’elle part à la manif…
      Par contre, une amie (qui reconnait son peu d’#éducation_politique) m’a fait l’honneur de m’appeler avant-hier pour échanger nos opinions car elle avait des doutes.
      Tout comme hier, je demande à mon ado pourquoi elle n’a pas suivi tous ses amis partis à la manif, j’applaudis des deux mains quand elle m’apprend qu’elle ne veut pas cautionner quelque chose dont elle ne connait pas les ressorts. Si elle n’a jamais lu Charlie et ne peut rien en dire, par honnêteté elle a décidé ne ne pas y aller. Au moins elle a le courage de reconnaitre son ignorance, chose que beaucoup ne veulent pas avouer au profit d’une bouillie facile et prémâchée sur la liberté d’expression.
      Je dois dire que l’on se compte peu nombreux à refuser mais que cela a toujours été ainsi, bouffe ton désarroi en solitude, décidé à ne pas participer aux pantalonnades politichiennes.


      Sauf que je suis sollicitée de toute part, sms, mail, avec l’injonction d’être Charlie, insupportable ! parce qu’il semble que le temps manque à beaucoup depuis longtemps pour réfléchir et que la capacité à penser hors média dominant, hors émotionnel ethnocentré, soit une denrée rare.
      Et oui, heureusement que je me sens proche de ce qui se dit sur seenthis.

    • J’y suis allé hier (à Lille c’était hier) — c’était important pour ma compagne (son père est ancien journaliste, réfugié politique congolais). De mon coté j’y suis vraiment allé à contrecoeur.

      Bref, les raisons d’y aller ou de ne pas y aller sont multiples.

      L’ambiance était calme, peu de pancartes, pas de slogans, mais énormément de monde.

    • @biggrizzly surtout ne te gêne pas si tu penses que la politique c’est défiler avec les meurtriers de tête dont Netanyahou aller chanter la marseillaise et applaudir les policiers …

    • Oui, le passage de Pessoa est bien dans l’ambiance.
      Entre dépression et exil intérieur.

      Encaisser la pression use. Et ça ne fait sans doute que commencer.
      Voir les hésitations conclues par un « de toutes façons, on ne se laissera pas récupérer » n’aide pas beaucoup le moral.

      Alors oui, désolé #frappe_qu'un coup, mais il y a des moments où on peut avoir une baisse de moral.