• Rafah, histoire d’une ville coupée en deux | Middle East Eye
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    (...) Rafah est composée essentiellement de deux villes, divisées par une barricade constituée de fils barbelés, de panneaux métalliques et de béton, construite en plusieurs étapes après la guerre de 1967. L’une des villes a été construite par les Israéliens lorsqu’ils occupaient la bande de Gaza, et l’autre par l’armée égyptienne. Cette dernière procède actuellement à l’évacuation par étape de cette ville rurale, en vue de l’anéantir.

    « C’est un moment difficile pour moi, ma famille va être à nouveau séparée et obligée de s’exiler en raison d’une décision politique », témoigne Etaf, une mère de 54 ans.

    Raser la ville

    Les attaques très médiatisées qui ont eu lieu dans la péninsule du Sinaï le 24 octobre 2014, faisant 33 victimes parmi le personnel de sécurité, ont signalé le début de la fin pour la Rafah égyptienne. Le jour suivant, le président Abdel Fattah el-Sissi déclarait à la télévision que « le problème de Rafah et du poste frontière de Rafah » serait bientôt réglé.

    En quelques semaines, l’armée égyptienne s’est mise à expulser des centaines de familles égyptiennes de leur foyer à Rafah. Près de 800 habitations furent détruites et une zone de 500 mètres le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte fut dégagée sur 20 km. Selon les hauts responsables de la sécurité, l’objectif était de créer une zone tampon dans le but d’empêcher le passage clandestin d’armes et de miliciens à travers la frontière. Après quoi, le gouverneur du Nord-Sinaï, Abdel Fattah Harhoor, déclarait en début de mois que la ville de Rafah allait être détruite dans son intégralité.

    Les Palestiniens répondent qu’avec l’éradication de Rafah et l’élargissement de la zone tampon, ils vont se sentir plus isolés que jamais. Il deviendra alors impossible de creuser des tunnels d’une longueur suffisante. Les tunnels sont pourtant les principaux moyens d’acheminement de produits alimentaires, de pièces détachées et de mobiliers importés depuis l’Egypte vers la bande de Gaza, ainsi qu’une issue de secours pour les Gazaouis victimes du blocus.(...)