#Mexique : le crime de trop ?
Un slogan créé après la disparation et le probable massacre de quarante-trois étudiants en septembre dernier dans l’Etat de Guerrero. Le crime de trop pour les Mexicains ?
Cette affaire a révélé l’ampleur de la collusion entre les autorités et le crime organisé. Le 26 septembre 2014, le maire de la ville d’Iguala a demandé à la police d’arrêter une manifestation d’étudiants, la police les a livrés à un cartel qui les a fait disparaître. L’émotion puis l’indignation ont été telles que le pays s’est embrasé, avec dans les rues des manifestations inédites depuis cinquante ans. Le divorce est semble-t-il consommé entre le peuple et ses représentants.
Dans l’Etat de Guerrero, l’un des plus pauvres et des plus violents du Mexique, la société se prend en charge et s’organise. Des villages et des villes ont chassé la police, corrompue et complice, pour créer des milices d’auto-défense. La population assure désormais la sécurité, armes à la main, et les résultats sont spectaculaires. Les criminels ainsi arrêtés sont ensuite jugés par des tribunaux populaires. La défiance envers les institutions est à son comble.
L’enlèvement des étudiants a obligé les autorités à lancer des recherches massives dans tout l’Etat de Guerrero. Résultat : les restes d’un étudiant ont été retrouvés mais surtout des dizaines de fosses communes ont été mises au jour. D’autres crimes, d’une autre époque… Les familles, indignées par la passivité de l’Etat, ont donc décidé de chercher elles-mêmes leurs morts et leurs disparus. On voit maintenant dans les montagnes du Guerrero, des groupes d’hommes et de femmes qui cherchent des charniers, pioche à la main.
L’équipe d’ARTE Reportage est partie enquêter sur la révolte de tout un peuple. Un reportage pour comprendre ce bilan effroyable : depuis sept ans, les violences au Mexique ont fait 100 000 morts et 25 000 disparus.