• Pour ceux qui crient au loup - OD
    http://www.olivier-delorme.com/odblog/index.php?2015/02/24/509-pour-tous-ceux-qui-crient-au-loup

    L’historien français Olivier Delorme partage l’avis de Dimitris Alexakis (cf http://seenthis.net/messages/345354 ) : la conduite du gouvernement Syriza aura été de faire l’expérience des négociations pour montrer la vérité de l’Union Européenne, et obtenir ainsi le soutien populaire nécessaire à la sortie de l’euro.

    On assiste donc, à mon avis, à la seconde phase de la démarche du nouveau gouvernement : la présentation d’un plan de réformes non néolibérales.

    Et dans le même temps, on apprend que serait en préparation à Athènes une séparation complète des banques de dépôt par rapport aux banques d’affaires. Cette mesure fondamentale du New Deal fut essentielle pour empêcher, jusqu’à sa disparition sous Reagan, les crises boursières. En effet, en sanctuarisant les banques de dépôt, elle assure la sécurité de l’épargne en interdisant aux banques de spéculer avec l’argent de leurs déposants. Les soi-disant socialistes français l’avaient inscrite dans leur programme, mais là comme ailleurs ils ont trahi en cédant au lobby bancaire ; la loi qu’ils ont adoptée n’est qu’un faux nez, ne sépare et ne sécurise rien. Quant à la BCE, il semble qu’elle soit outrée par l’outrecuidance grecque consistant à mettre la spéculation sous contrôle. On voit là tomber les masques. On voit là la véritable nature des institutions européennes : pas même la soumission, mais le service zélé de la finance reine... et folle que symbolise si bien la lessiveuse à argent sale, le trou noir de la finance luxembourgeois installés au coeur de l’Europe et dont le parrain est devenu président de la Commission après l’avoir été de l’eurogroupe.

    Or donc, je répète depuis vendredi que rien n’est joué et que le gouvernement grec est dans une posture destinée à montrer à son opinion que le blocage n’est pas du côté grec mais... Et qu’il faudra donc rompre - c’est-à-dire sortir de l’euro. Je continue à faire le pari que Syriza n’a pas mis la sorti de l’euro dans son programme parce qu’il aurait été battu, que ce gouvernement a néanmoins compris qu’il n’y a pas d’autre politique possible à l’intérieur de l’euro, qu’il est en train de bâtir un consensus national autour d’une autre politique tout en faisant la démonstration, avec ce plan, que cette autre politique n’est pas compatible avec l’euro puisque les « partenaires » de l’euro entendent maintenir en Grèce la même politique, moyennant quelques aménagements cosmétiques. C’est ce que j’appelle « construire la rupture », tout en se donnant le temps de la préparer techniquement.

    #BCE #Syriza ##eurogroupe