Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • « Nous, putes » | Contretemps
    ▻http://www.contretemps.eu/lectures/%C2%AB-nous-putes-%C2%BB

    Les luttes des #putes insiste sur la nĂ©cessitĂ© de qualifier la #prostitution comme un #travail et dresse le parallĂšle entre le travail #domestique et le travail sexuel. La notion de « sex work » a Ă©tĂ© forgĂ©e par Carol Leigh en 1978 alors qu’elle assistait Ă  un atelier intitulĂ© « #Industrie de l’#exploitation du sexe » Ă  l’occasion de la confĂ©rence Women Against #Violence in Pornography and Media Ă  San Francisco. Thierry Schaffauser la cite :

    « Comment pouvais-je m’asseoir avec ces femmes comme une Ă©gale si elles me chosifiaient ainsi, si elles me dĂ©crivaient comme quelque chose qu’on ne fait qu’exploiter, niant par le fait mĂȘme mon rĂŽle de sujet et d’agente dans cette transaction ? Au dĂ©but de l’atelier, j’ai suggĂ©rĂ© qu’on change ce titre pour parler plutĂŽt de l’industrie du “travail du sexe” parce que cela dĂ©crivait ce que les femmes y faisaient »10. (p. 18)

    Si cette notion a pour but premier de dĂ©-stigmatiser la prostitution et d’ouvrir un nouvel espace de revendication pour les prostituĂ©es, l’affirmation du sexe comme travail permet en outre de dĂ©stabiliser les #dichotomies – natures versus culture, travail versus famille, public versus privĂ© – qui organisent les relations entre les sexes et les sexualitĂ©s11. En considĂ©rant le travail sexuel comme « une des formes de travail invisible et jugĂ© improductif, requis de la part des femmes afin de contribuer Ă  la reproduction sociale du (vrai) travail » (p. 139), fĂ©ministes et travailleur.se.s du sexe activistes dĂ©naturalisent la sexualitĂ© et rendent visible les tĂąches spĂ©cifiques assignĂ©es aux femmes au sein de la division sexuĂ©e du travail. Or, la politique d’« exception sexuelle » qui organise les cadres de la rĂ©flexion contemporaine sur la #sexualitĂ© en France et plus largement dans le monde occidental repose sur l’idĂ©e que la sexualitĂ© constitue en quelque sorte le dernier bastion d’un don libre d’économie12. À l’instar de l’exception culturelle, la sexualitĂ© doit ĂȘtre, selon le phrasĂ© abolitionniste, soustraite Ă  la logique du marchĂ© d’oĂč la virulence des polĂ©miques autour de la prostitution. Les travailleur.se.s du sexe, en monĂ©tisant explicitement l’échange sexuel, rendent visible le fait qu’ils rĂ©alisent un travail et « donnent ainsi du pouvoir Ă  d’autres femmes qui, dans la sphĂšre privĂ©e, subissent des pressions pour ĂȘtre Ă  la disposition sexuelle des hommes sans en tirer un intĂ©rĂȘt personnel » (p. 115). Par lĂ  mĂȘme, il s’agit de dĂ©jouer l’illusion de #gratuitĂ© des relations sexuelles, mais Ă©galement de souligner que la #monĂ©tisation du corps n’est pas le monopole de la prostitution. Contre le principe moral qui voudrait que le corps ne soit pas une marchandise, Thierry Schaffauser adopte une perspective marxiste soulignant que pour l’essentiel des travailleurs, le travail relĂšve de fait d’une exploitation de leur corps : le prolĂ©taire loue bien ses bras pour travailler. En rĂ©inscrivant la prostitution dans le champ du travail, Les #luttes des putes invite ainsi Ă  reposer les termes du dĂ©bat et, de l’usage du corps dans le travail sexuel en particulier, Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  l’usage du corps dans le travail en gĂ©nĂ©ral. Sans pour autant faire du travail sexuel « un travail comme les autres », l’auteur veut au contraire voir ce qui dans le travail sexuel trouble le #capitalisme et le #patriarcat.

    cc @mona