• Bon alors samedi et dimanche prochain, j’ai invité Mourad Manesse à Paris (il vit à la frontière Bressano-Bourguignone) pour présenter son taf.

    Mourad a été mon "maître de stage" pendant le C.A.P de charpentier que j’ai passé l’année dernière. Si j’ai tenu à faire mes stages là-bas, c’est parce que je ne voulais pas me retrouver dans un hangar géant, au milieu d’un champ de maïs transgénique, un clouteur en main, à glinguer dix-sept maisons ossature bois par semaine.

    Mourad pratique la charpente que tous les charpentiers voudraient faire, du moins dans l’idéal. Il équarrit ses arbres à la hache, ce qui conditionne tout le reste du travail. Au maximum de ce qu’il est physiquement possible de tenir, il travaille à la main. Sans idéalisation (ce boulot est extrêmement dur et ingrat et ce, depuis un moment (pensez à Héphaïstos, le seul dieu travailleur de l’Olympe, un boîteux cocu dont tous les autres Dieu se moquent régulièrement)), il essaye de maintenir un rapport sensible à son travail, où se posent des questions qui ont rapport avec la tradition, la reprise de règles qui ont fait leurs preuves, non comme un retour réactionnaire à une époque fantasmée mais plutôt comme un nouveau possible.

    Il m’a semblé apercevoir dans sa démarche, notamment à travers la recherche d’une activité où le même et la répétition sont sources de variations et de plaisir plutôt que d’aliénation, une tentative de riposte à l’injonction capitaliste à « la créativité », qui génère paradoxalement une grande uniformité —le capitalisme d’aujourd’hui exige de tous une créativité sans borne en même temps que partout il l’étouffe…

    En cherchant à retrouver certains savoir-faire disparus, en faisant à nouveau le lien entre artiste et artisan, Mourad m’a semblé proposer une intéressante esquive à la « liberté d’expression » de l’Artiste tout puissant.

    De ce qu’un retour à une conception pré-industrielle puisse apporter à la fois aux regardeurs comme aux faiseurs, alors que la médiocrité des objets qui nous entourent et que nous habitons n’en finit plus de tordre et notre goût et notre habitat, sans autre objectif qu’une chimérique rentabilité.

    Même s’il s’agit d’une tentative, d’une aventure (précaire), et ceci dans le contexte bien particulier de l’industrie du bâtiment, où la question écologique pèse d’une extrême importance, il m’a semblé qu’une telle démarche pouvait intéresser le commun que nous sommes…

    Ce sera donc :

    Samedi 28 mars, 18 heures, à Khiasma, 15 rue Chassagnole, 93260 Les Lilas, Métro Mairie des Lilas.

    Et Dimanche 29 mars, 18 heures, à la Générale en Manufacture, pendant le salon de l’auto-édition qui a lieu tout le week-end, 6 grande Rue 92310, Sèvres, Métro : Pont de Sèvres.

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