• Front national, entre précaires et assistés, par Yves Faucoup avec du Nona Mayer
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup/240315/front-national-entre-precaires-et-assistes

    En réalité, quand on dit que le FN a un fort taux d’électeurs ouvriers, on parle des ouvriers qui vont voter, car ceux qui sont les plus précaires votent peu, ou pas majoritairement FN. Ce sont aussi des jeunes, car les ouvriers plus âgés restent fidèles à la gauche. Ceux qui votent FN sont « ceux qui sont juste au-dessus du seuil de #pauvreté, ceux qui ont un petit quelque chose, ceux qui sont en accession à la propriété, ceux qui payent des impôts, ceux qui ont un #travail et qui en veulent non seulement aux riches, parce qu’il n’y en a que pour les riches, mais aussi à ceux qu’ils voient juste en dessous d’eux. Ils disent : moi je travaille et lui il a le #RSA ! ». « C’est un strabisme social, ils regardent vers le haut et vers le bas, (...) et c’est là que l’on trouve la plus grande tentation du vote Le Pen ». (...)

    On évalue ainsi à 36 % le taux de #précarité : si l’on dresse une échelle des précaires, du moins précaire au plus précaire, le taux d’#abstention est multiplié par 5.

    Tous dépendent des aides, sont confrontés à une #concurrence pour ces aides, à de petits expédients pour survivre, pour se battre au quotidien. Ce qui les caractérise c’est qu’ils ne sont pas solidaires entre eux. « Chacun a son immigré ou son #bouc_émissaire, dit Nonna Mayer. Y compris au sein de l’immigration. Je vois des femmes issues de l’immigration qui en ont marre des jeunes qui ne se comportent pas comme elles quand elles étaient jeunes, ou des Roms qui, selon elles, ont tout, alors qu’elles n’ont rien. D’autres s’en prennent aux Chinois. On a chacun son bouc émissaire ».

    Nonna Mayer termine en constatant ainsi que le discours de « Marine nationale » [sic] sur les assistés traverse toutes les couches de la société, y compris celles des précaires.

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    . Les inaudibles, sociologie politique des précaires : cet ouvrage sous la direction de Céline Braconnier et Nonna Mayer vient de paraître aux éditions Presses de Sciences Po, 2015.