• #Pollution : la #mort à petit feu
    http://www.irinnews.org/fr/report/101294/pollution-la-mort-à-petit-feu

    À l’échelle mondiale, la pollution fait deux fois plus de victimes chaque année que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose pris ensemble. Pourtant, la politique d’aide a toujours refusé de l’envisager comme un risque sanitaire, rapportent les bailleurs de fonds et les experts.

    À elle seule, la #pollution_atmosphérique a tué sept millions de personnes en 2012, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (#OMS) publiés l’année dernière, essentiellement dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la région #Asie-Pacifique.*

    Dans un rapport autocritique publié à la fin du mois dernier, la Banque mondiale admet avoir abordé la pollution atmosphérique comme un sujet secondaire, avec pour résultat une analyse insuffisante du problème et un manque d’investissements en vue de solutions.

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    [En] Chine (...) [m]oins d’un pour cent des 500 plus grandes villes du pays satisfont aux recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air. La colère suscitée par la pollution atmosphérique est un sujet brûlant chez les Chinois, qui se montrent de plus en plus critiques.

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    Traditionnellement confiée aux experts en environnement, la lutte contre la pollution est de plus en plus reconnue comme relevant également des spécialistes de la santé et du développement.

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    Les microscopiques particules en suspension dans l’air pollué (notées PM, de l’anglais particule matter) sont les principales responsables de ces décès : plus les particules sont fines, plus elles pénètrent en profondeur dans les poumons. Les particules de moins de 2,5 micromètres de diamètre (PM2,5) sont assez petites pour atteindre les alvéoles, la partie la plus profonde du poumon, et pour pénétrer dans la circulation sanguine.

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    La recherche se penche essentiellement sur les effets d’une exposition à long terme à ces particules PM2,5, mais même les études examinant les heures suivant immédiatement un pic des concentrations en PM2,5 dans l’air ambiant (dans les pays développés) révèlent une brusque hausse des cas d’infarctus, d’arythmie cardiaque et d’AVC menaçant la vie des patients.

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    L’Asie, région du monde la plus touchée

    À l’échelle de la planète, l’écrasante majorité (70 pour cent) des décès liés à la pollution atmosphérique surviennent dans le Pacifique occidental et en Asie du Sud-Est. L’Asie du Sud concentre huit villes sur 10 et 33 villes sur 50 au classement des villes affichant les taux de particules les plus élevés au monde.

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    La principale source de particules PM2,5 dans l’air intérieur – ou air domestique – est l’utilisation de combustibles solides pour cuisiner et pour chauffer (bois, charbon, fumier ou restes de récolte), une pratique répandue dans les zones rurales dépourvues d’électricité des pays à revenu faible et intermédiaire.

    Près de trois milliards de personnes vivent de cette façon, pour l’essentiel dans la région densément peuplée de l’Asie-Pacifique : l’Inde et la Chine concentrent chacune près d’un quart de l’ensemble des personnes ayant recours aux combustibles solides. Pour ces personnes, la moyenne quotidienne de particules PM2,5 est souvent de plusieurs centaines de microgrammes par mètre cube.

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    Contrairement à bien des risques sanitaires, il est très rentable de lutter contre la pollution atmosphérique, a dit M. Brauer. (...)

    « Nous savons déjà comment réduire ces risques, puisque c’est exactement ce que nous avons fait dans les pays à revenu élevé. Il ne s’agit donc pas de chercher un remède – nous savons ce qui fonctionne », a-t-il dit.

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    Bien que la pollution de l’air domestique soit plus meurtrière que celle de l’air ambiant, cette dernière – induite par les véhicules, les cheminées industrielles et la combustion à ciel ouvert – a encore fait 3,7 millions de victimes en 2012, d’après l’OMS.

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    Un calcul approximatif de l’ensemble des dépenses annoncées par USAID, la Commission européenne et la Banque mondiale suggère qu’à eux trois, ces organismes ont consacré près de 10 milliards de dollars US à la lutte contre la pollution toxique sur 10 ans. Ces chiffres ne tiennent pas compte des dépenses d’aide liées aux maladies induites par la pollution. Les dépenses de la Banque mondiale éclipsent celles des autres bailleurs de fonds.

    À titre de comparaison, le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, dont le bilan meurtrier est deux fois moins important que celui de la pollution atmosphérique, ont bénéficié de 28 milliards de dollars d’aide sur la même période par le biais d’engagements du secteur public envers le Fonds mondial – le principal bailleur de fonds international des programmes de lutte contre ces trois maladies.

    **Les statistiques de mortalité relatives à la pollution atmosphérique proviennent de statistiques de 2012, et ont été publiées par l’OMS en 2014, tandis que les statistiques relatives aux maladies infectieuses proviennent de statistiques de 2013, publiées par l’Institut de métrologie sanitaire et d’évaluation (Institute for Health Metrics and Evaluation, IHME) en 2014 (étude Charge mondiale de la morbidité).

    ***Inclut les décès imputables à la fois à la pollution de l’air domestique (4,3 millions) et de l’air ambiant (3,7 millions) : le bilan combiné est inférieur à la somme des deux, car de nombreuses personnes sont exposées aux deux types de pollution.