• La civilisation des mœurs selon Norbert Elias par Alain Bihr

    http://www.revue-interrogations.org/La-civilisation-des-moeurs-selon

    Au début de la seconde partie de La dynamique de l’Occident (Élias, 1975) dans laquelle il développe son « Esquisse d’une théorie de la civilisation », il rapporte ainsi la civilisation et les transformations de l’économie psychique qu’elle implique au processus général de développement des rapports capitalistes de production.

    [...]

    Mais le constat s’arrête là et Élias n’identifie pas la nature et l’origine de cette voix intérieure, de ce sentiment du devoir à accomplir inconditionnellement, comme un « impératif catégorique » selon Emmanuel Kant : c’est tout simplement l’expression de ce fétichisme de la subjectivité juridique et morale qui se trouve au cœur des rapports contractuels qui constituent la trame même des ’affaires’ bourgeoises.

    En deçà des « rapports contractuels » propres aux « affaires bourgeoises », il y a la forme de vie constituée par la nécessité objective - et pourtant socialement et historiquement située - de reproduire le capital (la valorisation tautologique de la valeur) et donc de s’activer sous la contrainte d’une norme de productivité que personne n’édicte mais que tout le monde participe à faire émerger. Le sujet kantien (ou moderne) n’est une forme à portée universelle que dans un contexte historique et social particulier...