• 7 élèves de Garges et Sarcelles de retour de leur voyage en Israël et Palestine avec Latifa Ibn Ziaten - Le Parisien http://www.leparisien.fr/sarcelles-95200/ces-jeunes-de-garges-et-sarcelles-ont-grandi-avec-leur-voyage-en-israel-3

    Un voyage qui a transformé ces élèves, sélectionnés pour leur engagement au sein du conseil de la vie lycéenne. Ce sont d’abord les idées reçues qui ont vol�� en éclats. « Avant, je pensais que les Israéliens ne se mélangeaient pas avec les étrangers, mais en fait, ils sont très chaleureux », raconte Dilan, en Terminale. « On a vu des musulmans faire la prière sur l’herbe, en plein centre de Jérusalem. Je pensais que ça n’était pas possible », souligne Omer. « A la télé, on ne montre que la guerre, alors qu’on ne ressent pas de tension, note Steve. Finalement, leur guerre, ce n’est pas une guerre de religion mais de territoire. Et les différentes religions cohabitent mieux qu’ici. »

    Au début, pour certains, ça n’a pas été facile de faire accepter un tel voyage. « Pour plusieurs membres de ma famille, c’était mal vu d’aller en Israël », raconte Dilan. « Mais maintenant, tout le monde nous dit qu’on a de la chance, les gens posent plein de questions », remarque Angela.

    Mur des lamentations, mosquée Al-Aqsa, église du Saint Sépulcre, mais aussi visite de la vieille ville de Jérusalem, Ramallah et Tel-Aviv. Le programme était chargé. La découverte, pour beaucoup, ça a aussi été celle du judaïsme. Les rites, l’histoire, les traditions, on leur a tout expliqué. « La prière est différente mais au fond, on a tous le même Dieu », constate Dilan. Le petit groupe a même été invité à célébrer Shabbat dans une famille. Un des moments forts du voyage.

    Mais bien sûr, les difficultés existent et n’ont pas échappé aux jeunes. « Un mur qui sépare les populations, c’est choquant, injuste », s’exclame Steve, toujours marqué par les images de ces morceaux de béton érigés autour des territoires palestiniens, couverts de graffitis tels que « Freedom ». « On prend aussi conscience de la chance qu’on a, observe Yassine. On se plaint beaucoup, mais nous, on a la liberté d’aller et venir comme on veut. Les Palestiniens, non. »

    Yassine se souvient notamment de ce jeune du lycée français de Jérusalem, mais habitant de Ramallah, dont le seul moyen pour passer la frontière est d’emprunter le bus diplomatique qui passe une fois par jour. Ou de cette jeune Palestinienne qui a perdu deux membres de sa famille, tués lors d’une manifestation.

    Alors que faire de toutes ces rencontres ? Les élèves ont pour mission de devenir ambassadeurs de la paix. « Au fond, on est tous pareils, insiste Yassine. Il faut arrêter de vivre enfermé. » Le 11 juin, tous livreront une présentation de leur voyage au sein du lycée.

    Christophe Buatois, le proviseur (à gauche), avec ses lycéens. (LP/Pauline Conradsson.)
    Christophe Buatois, proviseur : « S’il y a des tensions, c’est parce que les gens ne se connaissent pas »
    Il se dit fier de ses élèves. Christophe Buatois, proviseur du lycée Arthur Rimbaud de Garges, a accompagné ses lycéens en Israël et a porté le projet avec Latifa Ibn Ziaten. Un voyage nécessaire pour casser les barrières. « Notre constat de départ, c’était de dire : s’il y a des tensions dans le monde aujourd’hui, c’est parce que les gens et les peuples ne se connaissent pas. L’idée, c’était d’aller voir sur place, pour bousculer les idées reçues, sans juger. »
    Et il l’avoue, pour les élèves, tout n’a pas été simple. « Je me souviens par exemple qu’au début, un de nos élèves musulman a eu du mal à accepter l’idée de mettre une kippa, se souvient le proviseur. Mais très vite, il a compris que c’était une question de respect dans une synagogue. »
    Le vivre-ensemble, il fallait aussi le faire au sein même du groupe. « On a nos propres tensions de quartiers », note le proviseur. Son rôle, en amont, a aussi été de rassurer les parents, souvent inquiets d’un tel voyage. « Certains pensaient qu’on allait mourir là-bas, sourit Christophe Buatois. Nous les avons conviés aux séances de préparation, pour leur présenter le projet. Ça les a rassurés. Ils nous ont fait confiance. »
    Lui-même a découvert là-bas un pays riche et une ville de Jérusalem magnifique. « J’ai promis à ma famille d’y retourner avec elle », glisse-t-il.