La progression des inégalités « fait peser une menace croissante sur la #cohésion du pays », selon un rapport indépendant : les super-riches s’enrichissent, les plus pauvres s’appauvrissent et les classes moyennes stagnent, du jamais vu depuis les années 1970.
« Les inégalités sont à la #mode [sic] mais il faut savoir de quoi on parle », soulignent les auteurs du « Rapport sur les inégalités en France », publié jeudi par l’Observatoire des inégalités grâce à un financement participatif qui a permis de lever 17.000 euros.
C’est l’objectif de ce rapport d’expertise indépendant de 200 pages : fournir des données faciles d’accès et actualisées, dresser un état des lieux complet et faire le point sur les évolutions dans de nombreux domaines, des revenus à l’école, en passant par la santé, le logement, les inégalités entre les femmes et les hommes comme entre milieux sociaux.
A l’origine du basculement social inédit des dernières années, la hausse du chômage : en 2008, on comptait 3 millions de chômeurs inscrits à Pôle emploi. Début 2015, ils sont 5,3 millions. Parmi eux, on trouve 8% de cadres et 70% d’ouvriers et employés.
Les France populaire s’appauvrit mais "les exclus et les privilégiés d’aujourd’hui ne se limitent pas aux franges extrêmes de la population" , relève Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités et l’un des responsables de l’ouvrage.
Les trois dixièmes de la population situés entre les 40% les plus pauvres et les 30% les plus riches ont vu leur situation stagner entre 2008 et 2012.
« Ces #classes_moyennes [30% de la pop., pour eux, ndc] ne sont pas +étranglées+, comme on le dit souvent, mais cette stagnation constitue une rupture pour ces catégories au coeur d’une société où l’on consomme toujours plus ».
La « France d’en bas », elle, décroche. La pauvreté avait baissé des années 1970 au milieu des années 1990. Depuis les années 2000, elle repart à la hausse.
Le pays comptait 5 millions de pauvres en 2012 (si l’on utilise le seuil de pauvreté à 50% du niveau de vie médian) et 8,6 millions (avec un seuil à 60%). De 2008 à 2012, le nombre de pauvres a augmenté de 800.000 [faut lire le livre pour savoir selon quel seuil de pauvreté il est question, ndc]. Depuis, le phénomène a continué.
Quant aux écarts de niveau de vie, ils se sont accrus.En 2002, les 10% les plus #riches avaient un revenu six fois supérieur aux 10% les plus pauvres. Les plus aisés touchaient 7,2 fois plus que les plus modestes en 2012, dernière année de statistiques Insee disponibles.
« La situation s’est probablement dégradée depuis du fait de la progression du chômage », selon les auteurs. Ainsi, « on est passé d’un régime de progrès mal partagé à un régime au sein duquel les catégories sociales s’éloignent les unes des autres. Ceci constitue un moteur majeur des tensions sociales ».