La revue lesbienne Well Well Well a été entièrement rédigée selon des règles de #grammaire égalitaires
▻http://www.huffingtonpost.fr/2015/06/06/revue-lesbienne-well-well-well-regles-grammaire-non-sexistes_n_751191
De quoi s’agit-il ? « Adjectif et participe passé s’accordent en genre et en nombre avec le dernier terme d’une énumération. S’il y a plusieurs substantifs ou groupes nominaux sujets, l’accord se fait avec le plus proche », explique la charte de Well Well Well. Si cela a l’air compliqué, en fait, ça ne l’est pas. Par exemple, au lieu de dire « les hommes et les femmes sont géniaux », il faudrait écrire « les hommes et les femmes sont géniales », l’adjectif « génial » s’accordant avec le dernier groupe nominal « les femmes ».
Surtout, cet accord n’est pas une élucubration féministe. Il était d’usage avant que certains grammairiens en décident autrement. Un argument historique que les quarante gardiens de l’Académie française ne sont pas prêts à entendre. Car comme le souligne un article du Monde publié en 2012 suite à la pétition féministe, l’Académie n’aime pas les révolutions. « La règle de l’accord de l’adjectif est d’un usage constant depuis trois siècles, et je n’ai pas l’impression qu’elle fasse l’objet de débats chez les grammairiens, ni que l’usage, chez les Français, soit hésitant », expliquait alors Patrick Vannier, chargé de mission au service du dictionnaire de l’Académie. « L’Académie ne cède pas aux modes, elle s’inscrit dans la durée », ajoutait-il.
Pour la bande de filles derrière Well Well Well, c’est néanmoins tout sauf une mode. « Il faut se rendre compte que ce n’est pas un détail. L’idéologie derrière la langue est sexiste », insiste Marie Kirschen. C’est pourquoi, quand elle a proposé à l’équipe de bâtir ce deuxième numéro avec une autre grammaire et en réhabilitant plusieurs règles de formation des noms féminins, l’enthousiasme s’est fait sentir. « On était tout de suite emballées », nous confirme Mathilde Fassin, journaliste, auteure pour ce magazine de l’article « ’Le masculin l’emporte sur le féminin’, vraiment ? » et de la charte, que Well Well Well nous autorise à publier dans cet article :