Chez soi

Un compte pour suivre l’actualité des thèmes développés dans « Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique », un essai de Mona Chollet, Zones / La Découverte, Paris, 2015.

  • Pourquoi Facebook et Instagram font-ils de nous des losers ? - ChEEk Magazine
    http://cheekmagazine.fr/societe/pourquoi-facebook-et-instagram-font-ils-de-nous-des-losers

    En fait, t’as même plus le droit de ne rien faire tranquillement chez toi tellement les autres se chargent de te montrer qu’ils sont en train de vivre un moment génial… et pas toi.

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    Ce n’est plus tant le bonheur qui compte que la démonstration de ce dernier.

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    Et quand elle est tombée sur “cette blogueuse maman qui vit à Nashville dans ce qui ressemble à un catalogue Bonton, qui joue du ukulélé et qui a un portrait de Bob Dylan dans son salon”, la vingtenaire, dont les poils de chien envahissent son appart, s’est posé cette question : “Pourquoi ça ne ressemble pas à ça chez moi, pourquoi je n’arrive pas à vivre dans un truc aussi joli ?” Avant de s’interroger sur elle : “Je ne comprends pas pourquoi je suis jalouse de ces filles qui ont le temps de faire ça alors qu’en réalité, je n’ai pas envie de faire la même chose, c’est assez paradoxal.”

    Ça n’a pas toujours été comme ça, rappelle Titiou Lecoq, auteure, blogueuse, et journaliste spécialiste des réseaux sociaux : “Au tout début, on ne maîtrisait pas du tout les règles, on pouvait mettre des photos qui n’étaient pas valorisantes. Aujourd’hui, il y a des codes esthétiques, on ne voit passer que de très jolies photos. Le côté brut, avec Instagram et ses filtres notamment, a disparu.” Pour elle, cette évolution a “le même effet pervers que la publicité : on a l’impression qu’il existe une vie parfaite, une bouffe parfaite, une maison parfaite, une déco parfaite, un mec parfait et des enfants parfaits”. Résultat, “ça crée une espèce de frustration permanente car, comme pour la pub, on a beau acheter des crèmes, on n’aura jamais la peau parfaite de la nana. C’est pareil avec la vie parfaite, on ne l’aura jamais non plus”.

    Pourtant, c’est parfois ce que l’on essaye de faire croire aux autres. Lili, 34 ans, s’est déconnectée de Facebook il y a quelques mois après y avoir passé cinq ans. À l’époque, elle est au chômage, elle vient de rompre et Facebook lui fait plus de mal que de bien : “Je trouvais ça très désagréable de tomber sur des photos de mon ex, je l’ai bloqué mais avec tous les amis qu’on avait en commun, je tombais encore dessus et je savais quand il passait une bonne soirée”. C’est plus fort qu’elle, la trentenaire a envie de “répliquer” : “Je postais des photos juste pour qu’elles soient vues. Je me souviens d’une fois, j’étais en vacances, j’ai demandé à une pote de me prendre en photo sur la plage, à ce moment-là, c’était juste après ma rupture, j’étais hyper triste et sur le cliché, je suis bronzée et je souris. Tout le monde a commenté en disant ‘trop bien’ alors qu’en vrai, j’avais envie de me noyer, de m’accrocher une pierre autour du cou et de sombrer”, raconte-t-elle aujourd’hui en riant.

    #Internet #spectacle