• La Grèce et l’Europe sous la coupe d’une junte financière - regards.fr
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    Quoi qu’il en soit, on ne peut que souscrire au diagnostic sévère énoncé par Ambrose Evans-Pitchard : la crise grecque est aujourd’hui à la démocratique européenne ce que fut la guerre d’Irak à la démocratie américaine. On soupçonnera difficilement, en effet, ce journaliste du Telegraph (qui se réclame de Burke) d’être un dangereux gauchiste.

    Simplement, les faits sont là : soustraction d’informations ; décisions prises en pleine connaissance de cause du fait qu’elles ne pourront être appliquées (ou appliquées sans engendrer des désastres) ; dissimulations destinées moins à déstabiliser "l’ennemi" (la Grèce) qu’à la communication interne en direction des dirigeants et du public européens. Tous ces faits rappellent l’atmosphère "Alice au pays des merveilles" qui présidait aux rapports du Pentagone. Et, tout comme au temps de la guerre d’Irak, des médias transforment aujourd’hui l’espace public, affaiblissent dangereusement l’autorité de la démocratie elle-même, en relayant et propageant cette atmosphère anti-démocratique.
    Le rêve d’un putsch financier

    On reste stupéfait, là encore, quand un éditorialiste d’un journal réputé de référence – Le Monde – rêve tout haut d’un putsch financier : « Dans ce contexte, la Grèce doit trouver un accord avec les Européens. Signé par Alexis Tsipras ou un autre, peu importe. Il existe des précédents peu reluisants. C’était en novembre 2011, au G20 de Cannes, au plus fort de la crise de l’euro : le premier ministre grec Georges Papandréou et l’Italien Silvio Berlusconi avaient comparu au tribunal de l’euro devant Sarkozy, Merkel et Obama. ». « Odieusement antidémocratique ? », ajoute Arnaud Leparmentier avec le cynisme éhonté et satisfait qu’on lui connaît.

    On reste ébahi que l’humeur antidémocratique, les pulsions autoritaires d’un esprit digne des pires heures de l’ère Nixon trouvent ainsi à s’exprimer aux premières pages d’un quotidien français. Et il faut donc décidément penser, avec Ambrose Evans-Pitchard, que ces apôtres de l’Union européenne ont bien en tête des rêves de « juntes financières ». Qu’ils sont désormais prêts à passer les pires compromis historico-politiques avec les pires forces pour défendre leurs intérêts de classe.

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