• Regain d’hostilité :

    Liberte-algerie.com 24 juin 2015

    Le radicalisme religieux gagne du terrain en Algérie et il est aussi dangereux que les nébuleuses islamistes qui ont plongé dans la violence que le pays a connue durant dix longues années. Ce qui l’a prémuni du désordre “ printanier ” qui a secoué de nombreux pays arabes. Ce n’est pas pour autant que le danger est écarté, malgré la concorde civile accordée sans assurances ni contrepartie. Des signes d’apparence anodine démontrent un regain d’hostilité pour un retour en force d’un islamisme politique camouflé.
    S’il est vrai que dans la quasi-majorité des mosquées, les discours restent contrôlés et les imams encadrés, il n’en est pas de même dans les autres espaces publics qui échappent à tout contrôle. Il s’agit des campus universitaires, de certains quartiers populaires, de villages de l’Algérie profonde où le travail d’endoctrinement se fait à ciel ouvert et en toute impunité. Des sectes étrangères au référent religieux algérien y pullulent et prospèrent. D’autres espaces comme les réseaux sociaux sont squattés pour des discours haineux ou pour un prosélytisme qui remet en cause l’islam de nos ancêtres.
    Ne se limitant pas à ces territoires, le radicalisme religieux s’invite dans certains médias qui ont ouvert grands leurs écrans à des prédicateurs de la Djahilia qui distillent, sans modération, des diatribes dangereuses, enveloppées de paroles coraniques falsifiées pour la circonstance. Le résultat est que des actions, sous couvert de la religion, sont menées en toute quiétude sans que les pouvoirs publics ne s’en émeuvent. À Béjaïa, l’esplanade de la Maison de la culture est interdite pour les animations. À Alger-Centre, des affichettes ont fait leur apparition demandant aux maris d’interdire à leurs épouses de sortir. Dans les campus, on surveille la longueur des jupes. À la télévision, on demande la tête d’un écrivain doué. Dans le commerce, on pousse à la fermeture de débits de boissons et on gèle une décision concernant l’importation des alcools.
    Le ministre des Affaires religieuses est le seul à avoir encore le courage de dénoncer ces dérives et ces dérapages qui nuisent à l’islam du Maghreb et dénaturent son référent fait de tolérance. Mais il est seul, et une seule main ne peut applaudir. ❞