Vacarme

Vacarme est une revue trimestrielle publiée sur papier et prolongée en ligne, qui mène depuis 1997 une réflexion à la croisée de l’engagement politique, de la création artistique et de la recherche.

  • En sortant du Louxor, métro Barbès-Rochechouart. À propos de « L’Ombre des femmes » (Garrel) & « Trois souvenirs de ma jeunesse » (Desplechin), par Arthémis Johnson (@artemis1)
    http://www.vacarme.org/article2783.html

    Dans les deux derniers films de Garrel et Desplechin, en compétition à Cannes, cette année, les femmes ne sont pas comestibles. D’abord, on n’a pas du tout envie de manger une ombre. On préfère plutôt quand « ça consiste », même si cette « Ombre » débute, par les hasards de la typo, par une majuscule. Ensuite, on n’a pas du tout envie de digérer une trajectoire amoureuse, aussi majestueusement racontée soit-elle, quand elle est seulement vécue par un héros qui se réjouit, frontal, que la femme qu’il aime ait une « intelligence qui ne l’écrase pas » (Desplechin).

    La réplique est malheureuse, malheureuse... d’autant plus qu’elle survient alors même que cette chérie, bien mignonne au demeurant, lui dit qu’elle n’est rien sans lui, rien de rien, et qu’elle se trouve surtout très bête, comparée à lui. Ne vous inquiétez pas, concernant le motif féminin, on n’a même pas encore atteint le sommet du film. A cela, rajoutons que le héros fait des études d’anthropologie à Paris et que la fille demeure fille de tailleur à Roubaix et tout est dit. Ou presque.

    C’est dur d’être une femme au cinéma.