Rumor

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  • www.tunisiainred.org – Interview de Habib Ayeb : pour plus de justices sociales et environnementales, changeons de modèle économique.
    http://www.tunisiainred.org/tir/?p=5619

    la question du terrorisme est un tabou, [...] nous n’avons pas le droit d’en parler, [...] désormais il y a l’union sacrée autour de tout ce qui se décide au niveau de l’État et [...] tous doivent dire amen. Cependant, cela représenterait un retour en arrière énorme pour cette révolution qui, malgré tous ses défauts et tous ses problèmes, ne mérite pas d’être écrasée par une loi antiterrorisme. Un État digne de ce nom n’a pas besoin de lois spéciales pour se défendre contre le terrorisme, des lois qui limiteraient la liberté. Malheureusement, c’est au contraire le Président Beji Caid Essebsi lui-même qui va à la télévision pour déclarer la guerre au terrorisme et dire que les libertés s’arrêtent là où commence le terrorisme ! Non seulement on revient aux politiques sécuritaires de Ben Ali, mais également aux mêmes politiques économiques. Je vais dire quelque chose qui pourra résonner comme un blasphème : il est vrai que du temps de Ben Ali, il y avait une stabilité absolue et un taux de croissance autour de 5 %. Mais à quel prix ? Moi je ne veux rien savoir de cette Tunisie qui chaque année célèbre la révolution le 14 janvier, mais continue à reproduire le même modèle social et économique. Je crois, bien plus, que dans cette situation, il faut amplifier et renforcer les droits et, parmi ceux-ci, le droit à un environnement sain. Donc, dans la rédaction de la loi antiterroriste, moi je maintiendrais la dénomination, en en bouleversant le contenu dans le sens de ce que je dis dans ce statut. Imaginez la publicité au niveau mondial : « le pays du 14 janvier 2011, la Tunisie, premier pays au monde à édicter une loi contre le terrorisme qui renforce les droits de tous et de toutes ». Les terroristes eux-mêmes en deviendraient fous. Mais la majorité des gens ne voient pas la nécessité et l’importance politique de renforcer les droits sociaux et lorsqu’il m’entendent parler, par exemple, du droit universel à l’eau, ils sont convaincus qu’il s’agit de populisme, ou encore quand je dis qu’aucun enfant ne doit être obligé de marcher pendant une heure, souvent pieds nus, pour aller à l’école, je m’entends parfois répondre que ce n’est pas urgent.

    Remarquable entretien, avec des positions très à gauche bien argumentées