• Le festival Visa pour l’image
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    A titre d’archvie perso.

    À l’impératif de ramener de l’information s’ajoute la nécessité de provoquer de l’émotion, deuxième maître mot du festival, abondamment employé dans les communiqués de presse25. Topique de la photographie de presse, et plus spécialement de la photographie de guerre, le choc émotionnel est considéré comme nécessaire pour sensibiliser le spectateur et espérer le mobiliser. Privilégiant ces deux termes, Jean-François Leroy reprend les professions de foi des grands magazines de photographie du xxe siècle. En France, le magazine Paris-Match est ancré dans cette double perspective d’information et d’émotion, à travers la fameuse formule « le poids des mots, le choc des photos » du rédacteur en chef du magazine, Roger Therond, lui-même à l’initiative du festival Visa. Aux États-Unis, le magazine Life répondait dès 1937 à ses lecteurs, scandalisés par la violence des photographies, que « l’amour de la paix n’a ni sens, ni force à moins d’être fondé sur la connaissance des horreurs de la guerre ; et les morts auraient péri en vain si les vivants refusaient de les voir26 ». Autrement dit, le meilleur moyen de dénoncer la barbarie est de la montrer dans toute son horreur. Cette conception de la photographie a d’ailleurs connu son apogée lors de la guerre du Viêtnam, avec des photographies particulièrement violentes. Parce qu’elles ont permis de mobiliser l’opinion américaine, leur exemple fait encore figure de symbole, fréquemment repris par le directeur du festival : « Regardez l’impact des images dans la mobilisation contre la guerre du Viêtnam. La photo de Nick Ut, qui montre cette gamine brûlée au napalm, a été pour beaucoup dans la montée de l’antimilitarisme aux États-Unis27. » Cet exemple prouverait à lui seul la capacité de la photographie à changer le cours de l’histoire, à devenir un événement historique. Comme le note Michel Poivert, « le fantasme d’historicisation, du faire-histoire par l’image reste une pièce essentielle de l’imaginaire du photojournalisme28 ». Jean-François Leroy est particulièrement sensible à cette vision héroïque de la photographie. En témoigne la rencontre exemplaire orchestrée par Visa en 1995 entre Joe Rosenthal, auteur du cliché historique représentant les soldats plantant un drapeau américain sur l’île d’Iwo Jiwa le 26 février 1945, et Evgueni Khaldei, immortalisant un soldat communiste brandissant l’étendard soviétique sur le Reichstag, le 2 mai 1945. Pour célébrer un événement aussi important que la fin de la Seconde Guerre mondiale, Visa choisit d’inviter les photographes qui en ont donné la représentation historique la plus connue.

    L’« âge d’or ­ » revisité/Alentours de Bayard
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