• L’image de l’Algérie selon #Bory_de_Saint-Vincent (1778-1846) et la construction d’un discours géographique colonial

    En 1839, Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent est nommé à la tête de la section des sciences topographiques et géographiques de la commission d’exploration de l’Algérie. Pendant trois années, entre 1840 et 1842, il va parcourir en compagnie d’une équipe d’ingénieurs-géographes la jeune colonie française et contribuer à en dresser le portrait topographique, géographique et démographique. Le gouvernement français réclame des informations pour gérer au mieux cette nouvelle possession, Bory de Saint-Vincent y contribue. Mais la présentation qu’il donne du territoire algérien étonne pour le moins, car il le dépeint comme un immense territoire, bien plus grand que la réalité de la conquête, et surtout presque vide d’hommes. D’un point de vue géographique et démographique, il déforme donc l’espace colonial algérien et le transforme en un schème spatial calqué sur ses propres utopies. Isolé et mis en minorité par ses collègues de la commission scientifique de l’Algérie et par le gouvernement lui-même, Bory de Saint-Vincent s’entête. Cet article vise ainsi à comprendre la généalogie d’un tel discours et, dans une perspective d’histoire spatiale du fait colonial, à interroger les relations complexes entretenues entre la production d’un discours géographique et le contexte colonial et militaire dans lequel elle s’inscrit. L’exemple du discours algérien de Bory de Saint-Vincent invite en effet à une analyse conjointe des dimensions contextuelles, individuelles et discursives, qui plaide pour une lecture systémique des productions scientifiques en situation coloniale.

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    #colonialisme #Algérie #géographie_coloniale