• #WikiLeaks. Les coulisses de l’Amoco - Bretagne - Le Télégramme, quotidien de la Bretagne
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    3 mois après le naufrage de l’Amoco Cadiz,

    En complément
    L’incident n’avait jusqu’ici jamais été dévoilé. Le 21 juin 1978, le porte-avions géant américain Nimitz, mis en service trois ans plus tôt, croise près d’Ouessant. Trop près. Selon le télégramme classé « secret » qu’expédie l’ambassade américaine à Washington, le bateau est « entré par inadvertance » dans la zone interdite des cinq milles (9,2 km) du rail d’Ouessant. « Une zone où la Marine française effectue régulièrement des patrouilles depuis la marée noire de l’Amoco Cadiz. »
    La violation est même double, puisqu’une loi française, juridiquement contestée (droit de passage consacré au niveau international), établit depuis 1965 « une zone interdite de 12 milles à tous les navires à propulsion nucléaire (†) ». « Cette loi est au centre des négociations avec les Français concernant les escales des navires de guerre à propulsion nucléaire », pointe l’ambassadeur américain à Paris.

    Provoquer le gouvernement français ?
    L’incident est-il uniquement le fruit de la tension engendrée par le naufrage de l’Amoco, ou bien est-ce une manière de peser dans les négociations en cours ? L’ambassadeur « souhaite s’assurer que Washington est bien au fait des répercussions politiques qui pourraient survenir ». Et pose une « question immédiate » : le Nimitz devra-t-il se plier aux injonctions françaises pour son trajet retour ? Si l’incident se renouvelle, la Marine française, qui « semble vouloir garder cela entre elle et l’US Navy », « peut se sentir obligée de le faire remonter à l’échelle politique », met en garde Hartman. « Si tel était le cas, nos efforts actuels pour obtenir un accord pourraient être compromis ». Même s’il note que la Marine française « a elle-même à faire face à des enjeux futurs sur cette question », l’ambassadeur recommande finalement « d’éviter de provoquer le gouvernement français ».

    A-t-il été entendu ? Aucun télégramme de réponse ou de nouvel incident ne semble avoir été diffusé. Côté français, le service historique de la Marine dit n’avoir trouvé aucune trace de cet incident dans ses archives...

    Un sous-marin nucléaire américain à Brest
    Il a fallu attendre janvier 1982 pour qu’un décret conforte définitivement « le droit de passage inoffensif de tous les navires », sans distinction, dans nos eaux territoriales. Le même décret est venu réglementer les conditions d’accès des navires étrangers à propulsion nucléaire dans les ports français (autorisation préalable). Deux mois plus tard, les autorités françaises autorisaient l’escale d’un sous-marin nucléaire d’attaque américain, le Sturgeon, dans le port de Brest.

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    † Demande préalable exigée (vérification de garantie financière en cas de dommages nucléaires).