Troisième conséquence : une fois encore, donc, la BCE a pratiqué une forme de « chantage » sur un pouvoir démocratiquement élu d’un pays membre. Ce chantage devient presque un mode de gestion de l’euro. Il a déjà été pratiqué sur l’Irlande en 2010 et sur Chypre en 2013. Mais, ce qui est frappant, c’est qu’à chaque fois, les dirigeants de la BCE ne sont aucunement rendus responsables de ces actes. Aucune poursuite, aucune enquête sur ces méthodes n’est possible. On a même vu dans le cas irlandais avec Jean-Claude Trichet que, une fois le mandat des dirigeants achevé, ils n’ont pas davantage de comptes à rendre. L’indépendance de la BCE est à géométrie variable : elle est utile pour protéger les banquiers centraux, mais négligeable pour mettre au pas des gouvernements indisciplinés. Cette irresponsabilité est une faille démocratique désormais béante dans la construction de la zone euro, mais on voit bien que, dans les projets de réforme de la zone euro, il n’est pas question de revenir sur ce fonctionnement. Tant qu’il en sera ainsi, le désaveu populaire vis-à-vis de l’euro ne pourra que croître