La Rotative

Site collaboratif d’informations locales - Tours et alentours

  • Radio Turone, 96.2 : retour sur une aventure radiophonique militante (1982-1985)

    http://larotative.info/radio-turone-96-2-retour-sur-une-1158.html

    De février 1982 à juillet 1985, la CGT d’Indre-et-Loire disposait de sa propre radio, et envoyait ses militants faire des reportages au cœur des luttes. Christian, 28 ans à l’époque, revient sur cette « belle aventure ».

    L’idée de lancer la radio est née après l’arrivée de la gauche au pouvoir, le 10 mai 1981. Il existait une profonde envie d’avoir une information libre et démocratique. Cette envie traversait déjà la CGT avant mai 81, puisqu’il y avait déjà eu des expériences comme Lorraine Cœur d’Acier [1], radio née pendant le conflit des sidérurgistes de Lorraine.

    (...)

    On a collecté des moyens financiers et matériels auprès des syndicats. L’initiative a eu un bon écho parmi les copains, qui en avaient marre de ce qui était proposé en matière d’information. La mairie de Saint-Pierre-des-Corps nous a fourni un local, et nous a permis d’installer un mât pour fixer l’antenne de la radio. Ces locaux ont été démolis depuis ; ils se trouvaient à proximité de l’école et de l’hôtel de ville.

    (...)

    Plus tard, un copain a composé un jingle. Ça faisait partie de l’aspect collaboratif de la radio. Chacun y amenait ce qu’il pouvait, sans rien attendre en retour.

    (...)

    Dès qu’on a eu un peu de sous, on a acheté deux magnétophones Nagra, ce qui nous a permis de faire des reportages sur les luttes d’entreprises. Ça, c’était le must. Quand une boîte du département était en rideau, au lieu de se contenter d’une petite brève de France Bleu, on allait interviewer la direction du syndicat et les salariés dans la lutte, on passait des appels aux dons, on annonçait des rendez-vous. Ça permettait de développer des solidarités. Et puis on essayait parfois d’interviewer les directions d’entreprises, mais c’était un peu plus dur. On arrivait avec notre étiquette de radio de la CGT, et il y en a qui ne voulaient pas nous causer. On se faisait même virer manu militari. Mais ça nous permettait de gueuler sur le thème de la censure de l’information. On réalisait aussi des reportages dans les manifs, on faisait des prises de son avec nos magnétos.

    poke @rezo @intempestive

    #sons_et_luttes #syndicalisme

    • Plus que la nostalgie, la fin devrait attirer l’attention :

      Au départ, il y a eu un vrai engouement autour de la radio, et il était assez facile de faire participer des copains et copines. Une fois que l’outil a été installé dans la durée, ça a été plus difficile, les gens étaient moins motivés. Mais ce genre de difficultés se retrouvent toujours, sous d’autres formes. Alors entre la baisse de motivation, le manque de fric, et le vandalisme... Radio Turone s’est tue en juillet 85.

      – Vivre un présent sans cesse renouvelé dans l’éffervescence des zones alternatives temporaires, au risque de s’épuiser et ne pas trouver de nouvelle zone à rouvrir après la chute ?
      – ou tirer les leçons, parfois difficiles ou désagréables, des expériences passées, et se donner les moyens de construire des alternatives durablement fructueuses ?

      #alternativedurable

    • @passerelle je plussoie mille fois :) je rajouterai
      – la difficulté de transmettre des outils ou des expériences,
      – le miroir aux alouettes que peut représenter la « nouveauté ».
      Paris-luttes.info va par exemple héberger dans une partie du site l’opposition à la COP21, mais ça n’a pas été sans discussion. Pas encore vieux de 2 ans, malgré son relatif succès, le désir d’en faire un « outil commun » et sa volonté d’ouverture, des camarades – pourtant proches – trouvaient déjà chiant d’utiliser un dispositif existant et fonctionnel.
      C’est un souci en partie abordé dans « Micropolitique des groupes » http://seenthis.net/messages/14660