• Suffragette : notre histoire, nos ennemis, nos combats

    http://decolereetdespoir.blogspot.fr/2015/10/suffragette-notre-histoire-nos-ennemis.html

    Lorsque j’ai regardé la bande-annonce du film Suffragette pour la première fois, il y a déjà plusieurs mois, j’ai été parcourue d’un frisson. Moi qui suis loin d’être une personne « émotive », j’ai été profondément touchée. J’ai serré les poings malgré moi et ressenti un mélange de rage et d’excitation monter en moi. Je me suis dit : « enfin ! Ce film, c’est moi. C’est mon histoire ». Enfin, j’allais avoir la chance de voir un film qui racontait une histoire dont je me sentais faire partie, un récit qui me parlait composé de personnages auxquels je m’identifiais. Et puis, ça m’a frappé, comme ces roches que les Suffragettes utilisaient pour fracasser des fenêtres. À moitié abasourdie par la pensée cynique qui venait de me traverser, je me suis demandé si pour les hommes, chaque expérience cinématographique était aussi intense, aussi authentique, aussi proche d’eux. « Ça doit être ça, être un homme ». Être un homme, c’est quand toute l’histoire est ton histoire, tous les héros tes héros, tous les personnages ta propre personne réinventée avec un effort minimal d’imagination. Et puis j’ai ressentie ce découragement devant ce petit plaisir du cinéma que je devrais attendre pendant des mois, et que les hommes pouvaient aller chercher à deux pas de chez eux n’importe quel mardi soir. Et mon droit de vote si tardivement acquis n’efface pas l’amertume de cette injustice.

    #cinema #féminisme #histoire

    • Le racisme ?
      Un coup de pub de très mauvais goût associé au fait historique que les Suffragettes appartenaient au mouvement du féminisme blanc a soulevé la question du racisme éventuel du film. Je n’ai pas l’intention de faire ici le procès des Suffragettes – je n’ai ni la légitimité, ni les connaissances historiques nécessaires. Je laisse à d’autres le travail de décider si le film est raciste ou seulement « historique ». Je me contenterai de quelques remarques de base. Il faut dire que le film ne montre aucune personne racisée. Aucune. Je pourrais le justifier par un argument historique, mais soyons honnêtes : lorsqu’on justifie le sexisme ou l’absence de représentation féminine d’un film pour des raisons « historiques », ça ne me convainc pas. Il faut aussi préciser que beaucoup de suffragettes indiennes sont effacées de l’histoire par ce film (merci à Emilie Nicolas et à Katia Belkhodja d’avoir porté ce whitewashing à mon attention). J’ai fait le choix de ne pas boycotter le film parce que les représentations de mon histoire sont trop rares. C’est une décision que chaque féministe aura à prendre en son âme et conscience. Mais il est certain que, raciste ou pas, le film raconte l’histoire des femmes blanches. Je m’octroie le droit de trouver les films sur l’histoire des hommes sans intérêt, et de même, des femmes racisées pourront trouver que le film ne leur parle pas du tout. J’invite les femmes blanches qui, comme moi, auront vu et apprécié le film, à écouter et à respecter les critiques des féministes racisées. Il peut paraitre injuste que les films féministes soient tenus à des standards beaucoup plus élevés que les films « ordinaires » – après tout, ce ne sont pas les suffragettes qui ont inventé le racisme... Mais cela ne signifie pas qu’elles puissent être déresponsabilisées comme « produits de leur temps ». Car le féminisme doit, pour rester crédible, accepter d’être tenu à des standards d’irréprochabilité morale. C’est donc aux féministes blanches de comprendre que, si elles sont intransigeantes en matière de sexisme, elles doivent accepter que d’autres soient toute aussi exigeantes lorsqu’il est question d’une autre oppression. C’est seulement en s’élevant aux plus haut standards que chacune de nous applique aux ennemis de sa ou de ses luttes principales qu’on atteindra un mouvement réellement inclusif, intersectionnel, et moralement inattaquable.

      #racisme #intersectionnalité #whitewashing

    • https://martiennes.wordpress.com/2015/10/05/oui-meryl-streep-etre-feministe-cest-etre-humaniste
      Oui Meryl Streep, être féministe c’est être humaniste!

      Aux Etats-Unis, le mot « féministe » n’est pas tabou. Si de nombreuses personnalités le revendiquent, Meryl Streep, pourtant connue pour son engagement à Hollywood, a récemment botté en touche. L’actrice trois fois oscarisée, interviewée par le magazine Time out, a refusé de se définir ainsi, préférant rétorquer : « Je suis humaniste ». C’est d’autant plus étonnant qu’elle est l’affiche du film Les Suffragettes – sortie prévue en France le 18 novembre prochain – qui relate la lutte des Anglaises pour conquérir le droit de vote. Un combat féministe s’il en est.