En grève depuis six semaines pour dénoncer leurs conditions de travail et des « salaires de misère » chez OMS Synergie, sous-traitant de l’office HLM Paris Habitat- Ration
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...une cinquantaine d’agents d’entretien sont assignés à comparaître par leur employeur ce lundi.
Paris Habitat confronté à un grand remous ménage
« Condition du progrès », selon François Hollande, le dialogue social est, ces temps-ci, sur toutes les lèvres. Mercredi, la ministre du Travail présentera ses propositions pour lui donner plus de place dans l’entreprise. D’ici là, les grévistes de la société de #nettoyage OMS Synergie seront, eux, entendus par les juges… Leur employeur, un sous-traitant de Paris Habitat, bailleur social de la capitale, les ayant assignés à comparaître, ce lundi, pour « violation de la liberté de travail » et « occupation illicite d’un lieu de travail ». Et ce, après six semaines de #grève pour dénoncer leurs « #conditions_de_travail inacceptables, pour des salaires de misère ». Et sans qu’aucune négociation n’ait débuté.
Irrégularités.
Depuis le 21 septembre, ils sont une cinquantaine, hommes et femmes de ménage, à se relayer devant une HLM du XXe arrondissement. C’est ici qu’ils s’activent, d’habitude, à sortir les poubelles ou nettoyer les cages d’escalier. Mais, pour l’heure, ils occupent, avec quelques drapeaux SUD, un bout de trottoir. Et tuent le temps en discutant en bambara, wolof ou malinké. Pêle-mêle, ils égrènent les raisons de leur colère : le #salaire qui ne tombe que le 13 du mois au mieux, les irrégularités sur les feuilles de paye, l’absence de primes, des revenus proches du #Smic et qui n’ont pas bougé depuis vingt ans pour certains, l’absence de treizième mois. Ou encore les tenues de travail données au compte-gouttes.
(...) « La société ne nous donne pas le matériel. Certains travaillent avec des Caddie de supermarché. Eté ou hiver, on n’a pas de parka, pas de gants, pas de chaussures de sécurité, alors qu’on travaille avec des produits toxiques ». « C’est comme au Moyen Age », résume Sarah Bouhali, de #SUD_Nettoyage, qui les soutient. Mais le cahier de doléances n’émeut pas OMS Synergie. Poussée par son client, Paris Habitat, et la mairie de Paris, à chercher une issue au conflit, l’entreprise n’a rien trouvé d’autre que de convoquer les grévistes au tribunal. Une solution qui ne satisfait pas Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris chargé du logement. « La situation, aussi préjudiciable pour les salariés que les locataires, doit être débloquée au plus vite. Par ailleurs, nos bailleurs doivent travailler sur la question des #appels_d’offres, en intégrant de meilleures clauses sociales dans les contrats avec les prestataires », prévient l’élu. Car, dans le secteur, les renouvellements de marché - tous les quatre ans chez Paris Habitat - pèsent sur le personnel.
Certes, la convention collective oblige tout nouveau prestataire à réembaucher les salariés en poste, comme cela a été le cas, il y a un an et demi, lorsqu’OMS Synergie a repris une partie du marché. Mais ce morcellement de carrière les empêche d’obtenir des avantages et de faire valoir leur #ancienneté. « Tout est fait dans les règles de l’art », se défend de son côté Catherine Compet, responsable d’OMS Synergie, qui évoque des « procédures rigoureuses » et la possibilité d’obtenir des acomptes automatisés pour le versement du salaire. Quant aux autres revendications, « il n’y en a pas, tranche-t-elle, puisque les demandes des grévistes n’ont rien à voir avec ce que demandent les représentants syndicaux » .
Menée par SUD Solidaires, minoritaire au sein de l’entreprise, la grève n’est en effet pas suivie par les deux principaux syndicats de l’entreprise, FO et CGT. « Il faut être réaliste, explique Clément Kolagbe, un chargé de clientèle, délégué FO et hostile au mouvement. Dans notre convention collective, il n’y a pas de treizième mois. » Et d’ajouter, non sans dédain : « Quant aux augmentations, elles se font au cas par cas, selon les compétences. Or 90 % des salariés ne savent pas lire. Quand vous ne savez même pas déchiffrer un pictogramme de produit dangereux, comment voulez-vous passer à une qualification supérieure ? » Même discours de Bruno Collignon, délégué syndical CGT et responsable d’exploitation : « Il faut savoir composer. Les conditions de travail ne sont pas déplorables. Il y a pire ailleurs. » De quoi attiser la méfiance des grévistes, pour qui CGT et FO « cherchent surtout à étouffer le mouvement ».
« Paix sociale ».
Ce qui n’étonnerait guère Claude Lévy, responsable du syndicat CGT des hôtels de prestige et économiques (HPE), habitué des démêlés avec les grands groupes de nettoyage et certains #syndicalistes_« casseurs_de_grève ». « Dans le nettoyage, les sociétés achètent la paix sociale. D’ailleurs, vous n’y trouverez aucun représentant du personnel au plus bas de l’échelle. Ils les tiennent en leur donnant des promotions », raconte-t-il. Il y a quelque temps, une émission de Canal + pointait également le fait que la CGT propreté avait perçu des chèques, sous forme de dons, des grandes entreprises du secteur. Autant de clivages qui enveniment la situation. « Le dialogue a du mal à s’instaurer », reconnaît Catherine Compet.