GillesM

Eurafricain, acteur modeste du renforcement des organisations de la société civile en Afrique de l’Ouest

  • L’anthropologue française Dounia Bouzar : « Daesh est plus proche du nazisme que des frères musulmans » | L’Observateur du Maroc & d’Afrique
    http://lobservateurdumaroc.info/2015/11/13/lanthropologue-francaise-dounia-bouzar-daesh-est-plus-proche-d

    En France, l’embrigadement s’est individualisé. Les rabatteurs sont nés en France et connaissent la culture française. Ils leurs font miroiter plusieurs mythes qui ne sont pas des mythes de terroristes. Il y a « le mythe de mère Theresa » qui s’adresse aux filles qui veulent aller sauver des enfants gazés par Bachar al-Assad. Il y a aussi « le mythe de Lancelot » pour des garçons qui ont besoin de servir à quelque chose et qui vont partir là-bas croyant vraiment faire du bien et éventuellement, combattre les soldats de Bachar al-Assad. Ils ne pensent pas du tout qu’il y a de la cruauté.
    Au début, on ne leur parle pas de meurtre, c’est à la fin de l’embrigadement qu’ils finissent par regarder des vidéos de décapitation. Les rabatteurs utilisent des techniques de dérives sectaires. Ils font en sorte que le jeune oublie qui il est. Ils lui ôtent tous ses souvenirs et lui intègrent une grille paranoïaque dans la tête. Ils le persuadent qu’il y a un complot contre les rares musulmans qui connaissent le vrai islam. Ils expliquent aux jeunes que s’ils sont mal dans leur peau c’est parce qu’ils sont élus par Dieu.
    Avec la « tribu numérique », c’est-à-dire, les adultes qui leur parlent toute la journée, il y a une fusion qui se crée. Les jeunes embrigadés finissent par avoir l’impression qu’ils ressentent les mêmes sensations que ce groupe, contrairement aux autres. Pour eux, les parents ne peuvent pas comprendre, les professeurs sont payés pour les endormir comme tous les politiques et les médias. Avec cette grille paranoïaque, ils n’ont plus confiance en personne et du coup, ils se coupent des informations qui pourraient les protéger. Les seules informations qu’ils reçoivent viennent du groupe. Daesh se met à penser à leur place et ils entrent en dépendance.