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Enseignant en philosophie. Naturalisme vitaliste rationaliste, Vision écologique de l’histoire des vivants (Kinji Imanishi - Virginie Maris), Athée, anticlérical, antithéiste (contre les religions, pas contre les croyants) Anarchisme (Tchouang Tseu, Gunther Anders, Bertrand Russell et Murray Bookchin), Antipatriarcat.

  • Notes sur la lecture de "L’invention de la science" de Guillaume Carnino. -4-

    Partie 1 : http://seenthis.net/messages/428937
    Partie 2 : http://seenthis.net/messages/429289
    Partie 3 : http://seenthis.net/messages/429820

    L’état des conditions matérielles permettant la recherche dans les universités est mauvais. Bien que le gouvernement envisage une rénovation, ce sont finalement les craintes de la guerre qui vont intéresser à la science, afin qu’elle participe à l’amélioration de l’armement. On est loin d’une recherche « pure », c’est-à-dire désintéressée à l’intérieur de ces bâtiments. « La science pour la nation, c’est […] la science pour tous, mais la science par certains seulement », aux premiers rangs desquels, l’industrie. L’industrie est autorisée à financer les centres universitaires, et la plus grande part est « employée à la construction de laboratoires de « sciences appliquées aux besoins de l’industrie » ».
    La notion même de science pure , semble « quasiment inédite avant 1850 ». Elle permet de faire croire à un désintéressement de la part des chercheurs ou des personnes qui investissent en elle. Quand elle est employée pourtant, c’est pour l’intérêt des applications, c’est « la poule aux œufs d’or [1] ». Elle ne semble pas faire l’objet d’une opposition aux applications comme on en trouve les formes rhétorique aujourd’hui. Comme Carnino, le relève dans un rapport de Pasteur : « il n’existe pas une catégorie de sciences auxquelles on puisse donner le nom de sciences appliquées. Il y a la science et les applications de la science, liées entre elles comme le fruit à l’arbre qui l’a porté. » (Quelques réflexions sur la science en France).
    3ième Partie, chapitre VI . Carnino montre à travers Jean Baptiste Dumas et Louis Pasteur que la science ne s’occupe pas que de la production de savoir fondamentaux, mais devient aussi le moyen d’une amélioration, d’une évaluation, et d’un tri de nouvelles techniques et capacités techniques [2].
    Le savant y est aussi exposé dans sa recherche intéressée de financement n’hésitant pas à mettre en avant les bénéfices spécifiques qui pourrait éventuellement en être obtenu dans des domaines majeurs. Ou encore a breveté secrètement et rapidement le résultat de ses recherches. D’autres procédés plus exotiques sont aussi indiqués, comme des mise en scènes plus ou moins spectaculaires

    [1] Armand de Quatrefages, « De l’enseignement scientifique en France », Revue des deux mondes, t. XXII, 15/05/1848
    [2] « « La science » s’institutionnalise […] en tant qu’elle participe d’une stratégie délibérée de nombreux acteurs, pour qui l’expertise savante en matière de procédures industrielles apparaît comme une option cohérente permettant d’engrammer le progrès productif au sein de structures pérennes situées à l’interface de la connaissance scientifique et de la fabrication manufacturière. L’émergence de la science répond donc aussi à un besoin engendré par la complexification de la production industrielle, qui nécessite désormais moins le concours d’organisme économiques incitatifs que d’instances savantes de « tri » au sein de la masse des innovations techniques, puis de diffusion auprès des populations. Après 1850, « la science » recouvre donc un double effort de centralisation et d’expertise industrielle. ».

    #science #industrie #science_pure #budget