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Enseignant en philosophie. Naturalisme vitaliste rationaliste, Vision écologique de l’histoire des vivants (Kinji Imanishi - Virginie Maris), Athée, anticlérical, antithéiste (contre les religions, pas contre les croyants) Anarchisme (Tchouang Tseu, Gunther Anders, Bertrand Russell et Murray Bookchin), Antipatriarcat.

  • Notes sur la lecture de "L’invention de la science" de Guillaume Carnino. -5-

    Partie 1 : http://seenthis.net/messages/428937
    Partie 2 : http://seenthis.net/messages/429289
    Partie 3 : http://seenthis.net/messages/429820
    Partie 4 : http://seenthis.net/messages/430316

    Ch. VII.
    Le sens de « technologie » à changé au cours de l’histoire avec la science et l’industrie. Le terme servait d’abord a désigner et collecter l’ensemble des moyens permettant d’agir sur la matière. Il incluait aussi bien les métiers, les procédés techniques, que les machines. Les métiers en ont été exclus, les machines y sont resté mais procédés d’une collection et classification sas expérimentation ni causologie (connaissance des causes), et au cœur de ce grand ensemble se trouvait la « science des machines » proprement dite avec entre autre la cinétique.
    Cette modification sémantique est aussi pratique , puisque les manières de produire suivent aussi cette évolution , dans le vocabulaire d’une part, dans des descriptions de procédé qui devient de plus en plus précis et chimique, dans les lieux de production (qui de fabrique deviennent usine, industrie), et enfin dans le remplacement final du savoir faire artisanal par un ensemble de machine et procédé mécanique qui visent a obtenir scientifiquement la production (Carnino prend l’exemple de la fabrique de la bière, et plus loin celle de la pisciculture).
    Changement dans l’organisation du travail . Apparaît aussi l’incitation à la division en tâches et travaux, là ou l’artisan gérer ses pauses et pouvait être lié à sa vie familiale. Par ailleurs les machines sont valorisées en comparaison de la main d’œuvre susceptible d’être irrégulière ou de se composer en rapport de force. Plus besoin de travailleuses et travailleurs qualifiée, il suffit de suivre les manuels.
    [Des propositions qui cette fois relève plus clairement d’une politique qui à travers l’économie veux se faire passer pour science. Mais l’auteur enchaîne cette disposition aux précédentes puisque elles apparaissent dans les mêmes publications.
    Notons par ailleurs, que le remplacement des humains par les machines dans certaines activités n’est pas un problème en soi, cela pourrait nous libérer du temps si nous avions les moyens matériels à côté pour vivre… Autrement dit, à part les questions qualitatives, et de santé (pollution, mais aussi parfois psychologique [le travail aliénant existe avec ou sans machine]), la machine pose problème surtout à cause de l’organisation capitaliste. Celles-ci réclament un accroissement infini du capital, quel qu’en soit les moyens, et le plus rapidement possible.]
    Changement dans le marché et sa législation . L’auteur rappelle aussi plus tard que le train a pour ainsi dire forcé pratiquement « aux transformations légales et douanières, achève de faire pénétrer les règles du marché international au sein des régions les plus éloignées de la capitale. »
    [Je me permets de préciser sur ce point, qu’effectivement, Paris, à longtemps considéré les autres régions de la France comme ses colonies, ou elle allait puiser des ressources, y compris culturelle originale, qui furent mis en stéréotypes sous la forme du folklore. Cet extension de l’administration est aussi une occasion nouvelle de l’imposition autoritaire de la langue française].
    Science et industrie un même objectif et démarche . Ce que veux montrer Carnino c’est que « les postures scientifique et industrielle coïncident, non seulement dans leur objectif, mais bien dans leur démarche même. » La science se met pour ainsi dire à disposition de la réalisation industrielle, elle épouse ses difficultés pour tenter de les résoudre.
    Il ose même cette proposition : « L’exigence de reproductibilité, que les épistémologues ont toujours présentée comme étant l’apanage de la scientificité, est en réalité une dimension industrielle de la science elle-même : <citant Pasteur> « l’industrie a besoin de plus de stabilité et d’uniformité, soit dans la production, soit dans l’écoulement de ses marchandises » ». [Mais es-ce que cela veut dire qu’il peut existe une science sans reproductibilité ? Car c’est aussi une condition d’un savoir certains que de pouvoir vérifier les propositions d’autres chercheurs ? Cette corrélation n’implique pas à mon avis que toute science qui l’emploi travaille pour l’industrie… Carnino pense que cet argument de la science peux faire vitre pour l’industrie… mais aujourd’hui que voit-on ? Des brevets, un « secret industriel », ce n’est pas la reproduction publique ou comparative que veux l’industrie, c’est sa stabilité privée.]
    Le problème de l’invention scientifique . Semble complexe, d’un côté localement, avec des savoirs locaux, non-théorisés certain-e-s peuvent aboutir à une production originale, de l’autre des théoriciens voit la possibilité, mais pas sa mise en œuvre et vont in fine, recourir aux savoirs locaux pour ensuite mettre au point sa production industrielle.
    [Dans le cadre du capitalisme, les coopérations de ce genre ne sont peu appréciés, et l’on va chercher QUI est l’auteur de l’invention. Selon on récompensera les théoriciens, ou les pratiquants locaux, qui après tout, produisait aussi, mais juste pas avec une méthode industrielle… Le capitalisme va seulement reconnaître ce qui participe à son extension, alors qu’il serait possible de voir qu’il s’agit ici de deux types de savoirs, l’un théorique et l’autre pratique d’une part, mais aussi de deux types de possibilité quantitative de production, l’une artisanale, l’autre industrielle. Si on voit ces types de productions concurrentielles, parce que l’on cherche a produire « plus » et « plus vite » inévitablement on va en évincer une, pour reconnaître l’autre. Alors que si les besoins différents peuvent apporter des productions différentes et qu’ils sont satisfaits par elles, pourquoi chercher à en choisir un, au lieu d’apprécier au contraire l’inventivité de chacun-e qui permettrai de répondre à des besoins différents].
    Nous assistons au début de l’exploitation industrielle du vivant avec une forme particulière de pisciculture, mais surtout l’institution, le 10/02/1854 de la Société zoologique d’acclimatation (qui sera réformé en 1910 pour devenir la Société de protection de la nature et d’acclimatation de France) qui réuni différents acteurs, économique, gouvernementaux et scientifique pour organiser une nouvelle reproduction et exploitation du vivant.
    Carnino, insiste plutôt sur l’idée que c’est dans ce type de structure que naît pratiquement ce qu’on appelle la techno-science, ou plutôt la technologie. En tant que « alliance des pouvoirs politiques de la science et de l’industrie, c’est-à-dire en tant qu’association des macrosystèmes techniques et de rationalisation scientifique des processus productifs » [Toutefois je n’y vois pas quelque chose qui serait « plus science » que politique. Pour moi, il s’agit juste plutôt de politiciens qui enrôle a leur fin des scientifiques, qui par ailleurs ne demande pas mieux parce qu’ils en partagent une partie, si ce n’est totalement les objectifs. Ce que je veux dire, c’est que cette pratique me semble plus nécessaire à cause de l’objectif capitaliste, qu’à cause de la structure même de la science. Même s’il est clair que c’est une structure particulière de la science qui va alors être mis en avant, et prise comme si elle était « la science ». De même l’Histoire ne va alors retenir comme scientifique que les personnes qui, et Carnino le relève, vont se faire connaître ou légitimer.
    Il existe plusieurs modalités du savoir différentes (avec aussi des qualités différentes) qui co-existes, mais on ne retiendra, pas que les « vrai », mais que ceux qui correspondent au type de mode et de qualité de production exigé par le capitalisme. Ce n’est pas pour moi, contrairement à ce que dit Carnino, une science qui dépossède l’artisanat à des fins économiques [1], mais les fins économiques, qui légitimes un savoir contre un autre.
    Au final, mon impression profonde est que l’on se retrouve, comme c’est souvent le cas avec la critique des techniques et/ou des sciences, avec un axe qui est fondamentalement plus écologique que social, et qui donne priorité critique à des idées comme la croissance, le productivisme, l’extractivisme, la prédation, le remplacement du vivant par des machines, l’hybridation, la rationalisation au lieu d’une critique du capitalisme (ou anarchiste complète, c’est-à-dire pas seulement écologique, mais aussi sociale), qui par ailleurs peu comprendre les autres critiques (ou en écarter) mais qui dans tous les cas, les organisent et les reconnaîts différemment]
    [Carnino, relève cette citation fameuse : « Le pisciculteur doit étudier les lois biologiques, observer les faits naturels comme le voleur étudie le code pénal et observe le gendarme pour savoir jusqu’où et comment les défier sans trop de danger » (AN, F10 2630, conclusion de la troisième conférence de Chabot-Karlen.) Ce qui me permet de voir que le discours à évoluer, puisque Francis Bacon disait qu’il fallait « violer » la nature par les sciences, Descartes, s’en rendre comme maître et possesseurs, ici on parle de voler, aujourd’hui il me semble que l’on parle de connaître et mimer.]
    Toujours est-il que l’on passe de nombreux savoirs, et sciences, à l’idée qu’il existerai « La science » unique, produite en partenariat avec les différentes industries et gouvernements. Et ce changement semble bien avoir lieu aux alentours de 1850. [Mais il me semble important dès lors de ne pas rentrer dans une logique d’idéalisation de avant 1850, ni dans un dégoût de l’activité scientifique en général, mais bien de considérer que d’autres formes de production du savoir existes, dont certains peuvent répondre tout autant a une exigence de vérité, et ne pas servir que les moyens et les ambitions capitalistes].

    [1] Ch. VII, Les mutations de la technologie, §La technologie : du discours sur les techniques à la techno-science.

    #science #industrie #savoirs_locaux #technologie #inventions