Supergéante

Retoquée profesionnelle.

  • Molenbeek-Saint-Jean n’est pas un ghetto
    Un article d’Alexandre de Zones sensibles dont les livres sont forts appréciés sur @seenthis.
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/23/molenbeek-saint-jean-n-est-pas-un-ghetto_4815791_3232.html
    Vivant et travaillant à Molenbeek-Saint-Jean, au cœur de l’un de ces quartiers considéré comme une « plaque tournante belge du terrorisme islamiste », à quelques dizaines de mètres de l’appartement de l’un des présumés responsables des atrocités parisiennes, il m’est difficile de ne pas écrire ces quelques mots.
    #molenbeek #attentats #etat_d_urgence #belgique #paywall

    • Thx. J’y pense jamais. —

      Au-delà de Molenbeek, et parce que malheureusement les journalistes en parlent peu, rappelons que dans la capitale de l’Europe, Bruxelles en tant que région, un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté, un chiffre édifiant lorsque l’on sait par ailleurs que Bruxelles produit plus de richesse que les deux autres régions de Belgique (il serait intéressant de savoir si ce chiffre a un lien avec ceux, récemment dévoilés par l’Organisation internationale pour les migrations, révélant que 62% des habitants de la région bruxelloise sont nés à l’étranger ou issus de familles qui ont migrés ici, « ce qui en fait la seconde ville au monde à afficher un taux aussi haut »). Bruxelles est donc une région fort contrastée : à Molenbeek, le revenu moyen par habitant est de 776 euros par mois, soit 4 fois moins que la seule allocation de résidence allouée à un commissaire européen et 26 fois moins que le salaire de celui-ci. (Ajoutons en passant que les agents de l’Union européenne sont exemptés de l’impôt sur les personnes physiques, cet impôt sur le revenu dont n’importe quel Belge imposable doit s’acquitter. Dit autrement, un habitant de Molenbeek à faible revenu mais payant cet impôt finance davantage les infrastructures publiques bruxelloises dont bénéficient les fonctionnaires européens qui, eux en profitent sans payer cet impôt-là, tout en percevant des salaires bien plus élevés.)

      Une commune au bord de la faillite

      Molenbeek est donc rongée par la pauvreté. Il y a peu de journalistes pour rappeler que, il y a quelques mois, la commune était au bord de la faillite (ce qui a une fois fois permis à certains politiques de stigmatiser encore et encore la commune) : en raison de la croissance de la population ne payant pas l’impôt mais demandant mécaniquement davantage de moyens publics (revenus sociaux, etc.), combinée à son appauvrissement (le revenu moyen d’un Molenbeekois a diminué de 5% en dix ans), les revenus issus de l’impôt ont logiquement baissé ; parallèlement, d’après un conseiller communal qui s’est publiquement exprimé sur cette quasi-faillite qui a encore permis à certains de stigmatiser la commune, la classe moyenne (celle qui paie l’impôt) se fait de plus en plus rare : « le manque de propreté, d’enseignement (de qualité), de logements de qualité abordables et d’espaces publics agréables, combiné à un sentiment d’insécurité sont les principaux arguments de leur départ, surtout chez les jeunes familles ». Il faut être honnête : Molenbeek continue à s’enfoncer. Tout concoure donc à ce que, dans certains quartiers, la misère sociale et intellectuelle soit un terrain fertile pour des recruteurs à l’idéologie répugnante. Quelles perspectives d’avenir cette commune, compte tenu de son état de délabrement financier et social, peut proposer à une population en voie de paupérisation ? Comment redresser une situation sociale où presque 55 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté ?

    • Commentaire :

      J’expliquais justement hier qu’en interne les #syndicats trépignent. Le #confinement de Bruxelles s’explique aussi par les coupes budgétaires qui ont été faites dans tout le secteur public - dont la police - et associatif. Je ne compte plus les travailleurs sociaux en préavis conservatoire. Quand à la police que tout le monde semble appeler de ses voeux, ce n’est pas faute pour ses membres d’appeler depuis longtemps au retour de la police de proximité pour un travail au plus près du terrain et des habitants au quotidien. Quand aux agents de prévention dont Alexandre parle, on a le même problème au final : les moyens. Pour que la scène qu’il décrit n’arrive plus, il faut former ces mecs, les encadrer, et c’est un travail de longue haleine puisque les gardiens de la paix sont aussi un dispositif d’#insertion professionnel. La formation de ces gardiens est aussi grevée par les coupes budgétaires des politiques d’#austérité. Certains parlent de stratégie du choc, je crois que ce n’est pas loin de la vérité.