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    • Comment en est-on arrivé là ?

      Les attentats n’ont joué qu’un rôle de déclencheur dans la mise en place de l’autoritarisme. Le gouvernement français aurait tout à fait pu se comporter comme le gouvernement norvégien en 2011 et affirmer son attachement à l’état de droit et aux droits fondamentaux tout en cherchant à comprendre comment l’attentat avait pu se produire.

      Le corps politique français utilise les attentats du 13 novembre pour légitimer son pouvoir. La stratégie économique du gouvernement n’a pas fonctionné (le chômage augmente) et aucune de ses autres actions ne s’est soldée par une victoire concrète (ses actions militaires à l’étranger et sa politique sociale n’ont pas recueilli d’adhésion particulière). La défense des citoyens contre une menace - quelle qu’en soit la nature - devient naturellement le dernier moyen de légitimation disponible.

      Et une dernière salve pour la tombe

      L’installation d’un régime autoritaire en France est l’illustration d’une nouvelle période dans le combat qui oppose les Lumières à la Réaction depuis le 18e siècle[11]. La progression des Lumières depuis 300 ans n’a rien de linéaire. Entre les révolutions de 1789 et 1848, entre 1848 et 1945, on ne compte pas les pays et les périodes où les valeurs humanistes ont disparues.

      On peut imaginer que 2015 marque le début d’une nouvelle parenthèse réactionnaire. Même si c’est peu probable, gardez à l’esprit que les normes morales peuvent changer d’un mois, voire d’un jour à l’autre. Entre le 22 juin et le 10 juillet 1940 (19 jours), il est devenu normal de s’opposer à l’état de droit en France. Du 9 au 10 novembre 1989, la censure en RDA est devenue anormale. Un tel changement de norme pourrait tout à fait se produire en France si la police décidait de sanctionner massivement les actes de résistance au régime autoritaire[13].

      Si une telle évolution se produisait, les idées des Lumières devraient être conservées dans des bibliothèques d’opposition et des “universités volantes”. Compte-tenu de la facilité avec laquelle un gouvernement autoritaire peut censurer les services en ligne, il faut aujourd’hui s’assurer que les travaux à transmettre à la prochaine génération qui s’opposera à la Réaction sont disponibles hors-ligne, voire sur support physique, dans des formats ouverts.

    • es attentats du 13 novembre 2015 ont été menés par un groupe communiquant sans chiffrement après que leur coordinateur a annoncé l’attaque en février dans un magazine de Daesh[1]. Un service de renseignement efficace aurait dû lire Dabiq, le magazine en question, et placer le téléphone d’Abaaoud, le coordinateur, sous écoute. Ils ne l’ont pas fait.

    • la stagnation qui dure en Europe depuis six ans est surtout l’expression du retournement démographique. Avec une population active qui diminue et une population de pensionnés qui augmente, le niveau de vie doit nécessairement baisser, à moins d’augmenter la productivité de manière extraordinaire ou de recourir massivement à l’immigration.

      Heu, c’est juste moi, ou ce paragraphe a quelque chose qui cloche ? Il me semble que ce petit pavé étrange chaudement lové au coeur de cet article vindicatif (en une) est une bombe légèrement... Rétrograde... Non ?

      Quid de l’augmentation de la population en France, qui s’en sort plutôt bien de ce point de vue, si on admet qu’il faille que la population augmente (point de vue plutôt étato-capitaliste, soit dit en passant, il me semble) ? Quid du partage de l’emploi ? Quid du partage des richesses ? Quid du partage très inégal des fruits de l’augmentation de la productivité, entre capital et travail ?

      Le diagnostic me semble donc faux, et les « solutions » évoquées tout autant...

      Que vaut globalement cette opération de com masquée, du coup, à l’aune de ce « textum » (mon néologisme dérivé du concept de « punctum » de Barthes, utilisé pour la photo) ? Est-ce une tentative de retournement à bon compte ? Du « placement de produit intellectuel » ? (comme on place des marques dans les films grand public, on placerait des idées nauséeuses dans un texte revendicatif...)

      D’autant que ce monsieur fait dans le story-telling... Fondé sur des données... Mais justement, pas de sources pour ce paragraphe-là...

      Merci d’avance de vos éclairages sur cette (possible ?) petite manip’...

      Zoo.

    • ZooRouge,

      Merci de votre commentaire. J’ai été obligé de faire des raccourcis dans mon essai pour ne pas qu’il deviennent trop long.

      Cela étant, vous mélangez plusieurs choses. La première, c’est la différence entre population et population active. La population active est celle qui crée de la valeur. Cette valeur doit ensuite être partagée avec l’ensemble de la population. Si la population active diminue en proportion du reste de la population, il y a nécessairement moins de valeur à partager pour l’ensemble de la population.

      Sur ce sujet, lisez les publications de l’INSEE sur le taux de dépendance http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=18719

      Pour faire en sorte que la valeur disponible par personne ne diminue pas, on peut augmenter le nombre de personnes qui travaillent. Ca a déjà été fait une fois avec l’arrivée des femmes sur le marché du travail. Ca a été essayé une deuxième fois avec l’allongement des périodes de cotisation retraite, ce qui n’a pas fonctionné (on part toujours à la retraite vers 60/65 ans dans les pays de l’OCDE quel que soit l’âge légal. En revanche, les retraites ne sont plus complètes). La troisième solution, qui n’est pas sur la table en Europe aujourd’hui, est l’immigration de personnes en âge de travailler.

      L’autre possibilité pour que la valeur par personne ne diminue pas quand le taux de dépendance augmente, c’est de faire en sorte que chaque personne qui travaille produise plus de valeur : c’est l’augmentation de la productivité. Les gains de productivité dans l’industrie et l’agriculture ont été fait au 20e siècle. Depuis plusieurs décennies, la productivité n’augmente plus. On a attendu une hausse de la productivité dans les services grâce à l’informatique, mais elle n’est jamais arrivée. Les gains de productivité effectifs que l’on voit en Europe (surtout dans le textile), sont en fait dus au déplacement de la production dans des lieux à bas coûts salariaux.

      Vous mélangez aussi la création de valeur et son partage. Dans mon essai, je ne parle que de création de valeur. Et celle-ci, sans augmentation de la productivité ou immigration, ne peut que diminuer. L’augmentation des inégalités se rajoute à ce mécanisme. La valeur totale disponible diminue, et sa répartition devient de plus en plus inégalitaire (sur le sujet, Le Capital de Piketty est la référence — et vous verrez que je le site très souvent par ailleurs).

      En combinant les deux mécanismes (diminution de la valeur disponible et augmentation des inégalités), on comprend bien que le niveau de vie d’une grande majorité de la population, en France et en Europe, diminue. On peut apporter des solutions politiques à l’augmentation des inégalités, mais aucun gouvernement ne s’y est attelé.

    • Bonjour Nicolas.
      Je mélange peut-être, mais vos choix (qui séparent donc) ne me convainquent en rien... Vous faite l’économie de toute nuance, en adoptant un indicateur particulièrement peu profond ( le rapport démographique entre nombre de personnes en âge de travailler et nombre de personnes non actives, car trop jeunes ou trop vieilles)... Et en sautant de la variation de ce taux à celle de la valeur, en ne tenant aucun compte de l’ensemble des facteurs qui déterminent celle-ci... Et tout d’abord le taux d’emploi de la dite population active... Ce que je souligne avec mon rapport au partage du temps de travail... Car c’est exactement la voie que vous excluez tant dans votre article que dans votre commentaire... Qui donc à une posture idéologique par les raccourcis effectués. Bref, si je mélange trop (peut-être), vous sélectionnez tendancieusement, pour construire un raisonnement qui ne cherche qu’à se démontrer lui-même, et ne cherche pas à prendre en compte la réalité de la situation, et l’ensemble des solutions possibles... Donc à rebours de votre amical (mais un peu condescendant) conseil de me plonger dans les chiffres et les concepts de l’INSEE, je vous recommande d’en sortir un peu, et de prendre le temps de penser et observer humainement à ce sujet... Ou même de vous y plonger beaucoup plus... Et d’intégrer à votre raisonnement les chiffres du chômage (tant biaisés qu’ils soient), ou ceux de la précarité... Et par ailleurs, ceux des inégalités de revenus, car la redistribution entre pleinement, il me semble, dans la possibilité qu’une société reste bien vivante... Et à cela, Piketty ne me semble pas opposé !
      Bien à vous !
      Zoo