Etat d’urgence : à Paris, les CRS n’aiment pas l’harmonica | Vu de l’intérieur
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On les repère de loin à leur look de jeunes alters - godillots délacés, cheveux longs retenus d’un bandeau - mais leur dégaine n’a rien d’effrayant. Ils marchent rue Saint-Antoine, en direction de Bastille. L’un joue de l’harmonica, un second avait sorti son tambourin, lorsque sept cars de CRS sont arrivés.
« Ils étaient au moins quarante, j’ai d’abord cru à une alerte à la bombe. » C’est Manon Loizeau, journaliste, qui raconte la suite. Elle habite à deux pas et rentrait chez elle à ce moment-là. « Les sirènes, les hommes en noir, on commence à avoir l’habitude dans le quartier, c’est l’état d’urgence permanent. Deux jours avant, on avait les snipers et l’hélico parce qu’Obama dînait place des Vosges. » Mais les remarques des passants - "oh là, là, c’est juste des jeunes" - la font ralentir. "Je me suis retrouvée face à quarante CRS armés, casqués, masqués pour certains, qui ordonnaient à ces jeunes de s’accroupir, les mains sur la tête."