• Non à l’état d’urgence contre la contestation sociale

    Par un collectif d’arrêté-e-s le 29 novembre

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/11/non-a-l-etat-d-urgence-contre-la-contestation-sociale_4829780_3232.html

    Nous ne perdons pas de vue non plus que celles et ceux qui souffrent le plus de l’état d’urgence ne sont pas forcément les militant­e­s d’extrême ­gauche, mais plutôt les habitant­e­s des banlieues et les musulman­e­s : ils et elles sont déjà, en temps normal, la cible privilégiée des violences policières et des abus. La plupart des 2 000 perquisitions (dont seulement 3 % ont donné lieu à des mises en examen) ont d’ailleurs eu lieu chez elles et eux. La criminalisation des mouvements sociaux ne doit pas nous faire oublier la dimension avant tout raciste et classiste de la répression policière qui s’opère au nom de la lutte contre le terrorisme.

    C’est l’état d’urgence qui permet les perquisitions et les assignations à domicile et justifie dans l’opinion publique les arrestations arbitraires. Nous ne croyons pas à l’efficacité de ce dispositif pour nous protéger contre le terrorisme. Ces mesures servent de prétextes à l’interdiction de toutes les manifestations, alors même que les événements sportifs et commerciaux sont autorisés. Pourtant, la population court tout autant de risques et s’expose tout autant à de potentiels attentats en allant manger des marrons chauds au marché de Noël des Champs Élysées qu’en allant manifester pour le climat. Ce que cela démontre, c’est que les dispositifs répressifs prétendument destinés à nous protéger sont en réalité largement utilisés par le gouvernement pour faire taire toute contestation sociale.

    Nous n’en sommes que plus déterminé­e­s à manifester contre cet État, pour réclamer plus de justice climatique et sociale. Nous sommes écœuré­e­s par l’opportunisme de ce gouvernement qui instrumentalise la mort des victimes du 13 novembre pour nous faire taire.