Apichat

L’extrême droite stagne depuis les années 80. Regarder ce que font les citoyens au lieu de « qui gagne ».

  • Ce que s’abstenir veut dire - par Céline Braconnier & Jean-Yves Dormagen

    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/05/BRACONNIER/50381

    Depuis près de trente ans, à chaque consultation, l’abstention bat un nouveau record. Seule la présidentielle échappe — pour l’instant — à cette loi d’airain. Lors des municipales de 1983, 20,3 % des inscrits s’étaient abstenus au second tour ; en mars dernier, ils étaient 37,8 %.

    Si l’on ajoute les personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes (7 % de la population qui pourrait l’être), le non-vote avoisine les 50 % lors des scrutins européens, régionaux, cantonaux, et même législatifs et municipaux. Cette crise de la participation, en passe de devenir le fait majeur des élections en France, est encore plus frappante dans les communes urbaines, où les votants sont d’ores et déjà minoritaires : au premier tour des municipales de 2014, la participation n’a été que de 56,5 % dans les neuf cent quatre-vingts villes de plus de dix mille habitants. Et elle a même chuté à 53,8 % dans les villes de plus de cent mille habitants. Si l’on comptabilise la non-inscription, les conseils municipaux des plus grandes villes ont été désignés par une minorité de citoyens en âge et en droit de voter.

    [...]

    Il est tentant de relier les deux facteurs les plus constants de la vie politique : le caractère systématique de l’alternance entre droite et gauche et la progression régulière de l’abstention. Excepté en 2007, aucune majorité sortante n’a remporté les législatives depuis 1978. Plus largement, le camp du premier ministre en exercice est toujours battu lors des élections intermédiaires. Cette mécanique de l’alternance est à la fois cause et conséquence de l’abstention : en suscitant des désillusions, elle contribue au désenchantement politique et éloigne la population des isoloirs ; et, si les sortants sont systématiquement battus depuis trente ans, c’est souvent parce que leurs anciens électeurs ont cette fois préféré s’abstenir...