• Antoine Bueno : « Le village des Schtroumpfs est un archétype d’utopie totalitaire emprunt de nazisme et de stalinisme. » - Actua BD : l’actualité de la bande dessinée
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    C’est un livre sérieux mais qui ne se prend pas au sérieux. C’est une distinction, pour moi, qui est importante. Pourquoi est-il sérieux ? Parce que je revendique le fait qu’il s’agit d’une véritable étude. Il s’agit d’une analyse fouillée. Je ne pars pas dans des délires, j’essaie d’être prudent, en particulier vis-à-vis des créateurs des Schtroumpfs et plus particulièrement vis à vis de Peyo : aucune accusation, aucun règlement de compte d’une quelconque manière, aucune envie non plus de désenchanter quoi que ce soit puisque moi-même, je reste enchanté.

    À mon avis, on peut superposer une grille de perception d’adulte à son émerveillement d’enfant. C’est ce qui m’arrive : j’aime toujours les Schtroumpfs et peut-être même davantage tout en les ayant passés au crible de ma formation. Moi, c’est la science politique, mais cela aurait pu être tout autre chose.

    En même temps, c’est une analyse qui ne se prend pas au sérieux parce qu’elle est effectuée sur un objet ludique, un objet de divertissement populaire. Si je tiens à ce balancement-là, c’est parce que je tiens à l’idée que l’on peut passer au crible n’importe quelle œuvre populaire et parce que ce n’est pas parce qu’elle est amusante, ludique, populaire et même faite pour les enfants qu’elle ne véhicule pas un certain nombre d’idées, une perception du monde, un Panthéon, une idéologie, etc.

    En réalité, vous aviez déjà abordé précédemment ce thème dans un roman que personne n’avait vu passer auparavant [1].

    Exactement, c’est pour cela que j’en ai fait un essai à part entière. Il y a un certain nombre de caractéristiques des Schtroumpfs qui ont attiré mon attention : Le faciès de Gargamel ; le fait que son chat s’appelle Azraël ; que Gargamel soit motivé par l’argent : il a besoin des schtroumpfs pour percer le secret de la pierre philosophale capable de changer n’importe quel métal vulgaire en or ; les habits rouges du grand Schtroumpf et le parfait communisme dans lequel les petits lutins bleus de Peyo semblent vivre. Ma première surprise est de m’apercevoir qu’il n’y avait pas d’analyse un peu fouillée, systématique, comme on en trouve pour Astérix ou Tintin.

    #schtroumpfs #BD #politique #utopie