CQFD

Mensuel de critique et d’expérimentations sociales

  • Livres jeunesse : « Les enfants ont besoin de comprendre le monde social »
    Entretien et chroniques livres jeunesse par Lola Weber, Mathieu Léonard et Christophe Goby
    http://cqfd-journal.org/Livres-jeunesse-Les-enfants-ont

    Les éditions La ville brûle se sont lancées dans la « littérature jeunesse engagée » depuis deux ans et ont rencontré un beau succès avec deux manifestes antisexistes, On n’est pas des poupées et On n’est pas des super héros. Trois questions à Marianne Zuzula, animatrice de la maison d’édition.

    –—

    Trouble dans la piraterie

    Avec l’ouvrage Jojo le pirate partage le butin, Charlotte Dugrand nous entraîne dans l’univers flibustier à travers la problématique de la redistribution des richesses et d’une solidarité non hiérarchique via le prisme de l’économie informelle. Influencée par l’analyse redikerienne – qui s’inscrit elle-même dans la lignée des travaux de l’historien Christopher Hill, connus comme « history from below » en anglais ou « Geschichte von unten » en allemand – d’une piraterie sociale qui opéra au XVIIIe siècle une hypothèse égalitariste et libertaire sur les mers caraibéennes, l’auteur accrédite les thèses anthropologiques du don et du contre-don, ici de type agonistique. Le récit s’affranchit également des divisions de genre et d’espèce. Pourtant, lorsqu’il s’exclame  : « Tu dois apprendre à partager, Cocotte  ! », le rôle de Jojo le pirate reste à interroger dans une perspective de domination genrée, même si par ailleurs il bouge de façon concomitante les lignes de la discrimination validiste. Au final, on peut problématiser avec Judith Butler, à savoir si « la déconstruction du cadre binaire dénaturalisé est liée à la contingence normative d’une définition du genre produite involontairement par le pouvoir » ? À partir de 3 ans.

    –—

    Également chroniqué Le voleur de sommeil et C’est quoi ton genre ?

    #livre_jeunesse