bituur esztreym

ent · errant, dispersé · ποιειν · tas de compost · v’lan = koan · zendefondº · prplXprpgnd · la seule manière d’aimer ce monde c’est de le laisser se bousiller · :· sez&works LAL1.3

  • chez Jean Sur, sur son précieux http://resurgences.net , à la rubrique http://resurgences.net/category/points-chauds , en date du 9 janvier 2016, cette expression de Jacques Berque :

    « Jouer de toutes ses sortes. » C’était là une magnifique expression de Jacques Berque. Un peu archaïque, comme souvent chez lui, elle réveillait en moi des territoires oubliés, négligés, méprisés, ou qui, tout simplement, m’inquiétaient. Jouer de toutes ses sortes, comprend-on aujourd’hui que ce n’est pas faire feu de tout bois, que ce n’est pas saisir toutes les occasions, que ce n’est pas se goinfrer dans toutes les mangeoires ? Comprend-on que cette invitation à la diversité est aussi une invitation à l’unité ? Que ces sortes sont les mouvements différents et cousins d’un même être ? Qu’elles traduisent les impulsions et intuitions multiples qui habitent cet être comme elles habitent tous les êtres ? Qu’en elles les contraires se considèrent, se reconnaissent, apprennent à se réconcilier dans l’élan d’un commun dépassement ? Non pas seulement l’unité et la diversité, mais le fixe et le mouvant, l’instant et la durée, la mémoire et le projet. La prétendue modernité se reconnaît dans le rôle, dans ce qu’elle appelle l’acteur. C’est là un rêve de maître et/ou d’esclave. Ou plutôt, c’est le rêve de l’intendant du maître, c’est le fantasme de son comptable. Jacques Berque, comme tous les vrais réalistes, nous appelait à la profusion des sortes, à l’unité multiple de nous-mêmes dans l’unité multiple du monde. La société du rôle, c’est-à-dire de la soumission et de la répétition, et la société des sortes, c’est-à-dire des naissances et des éclosions, ne sont pas plus compatibles que la vie et la mort.