Quand une grande part de la société est à la recherche de nouveaux modes de consommation, plus respectueux de l’environnement, plus éthiques aussi, qu’elle développe la culture du partage (des ressources, de la musique, du savoir...) alors que l’état abandonne l’écotaxe, soutient l’agriculture intensive au détriment des petites exploitations (▻http://www.politis.fr/Un-gouvernement-a-la-botte-de-la,32260.html), et lutte contre toutes les innovations qui risqueraient de mettre à mal des rentes qui remontent au siècle passé (taxe copie privée étendue au « cloud », redevance audiovisuelle étendue aux « box », loi Thevenoud imposant 15mn d’attente aux VTC, et tant d’autres...).
Quand une autre partie de la société - la plus démunie - cesse de réfléchir au futur faute de pouvoir s’y projeter et n’a d’autre espoir qu’un retour à un passé qu’elle croit meilleur, encouragée par tout ce que la classe politique compte de démagogues et de populistes, et entraînant avec elle quelques vieux autoproclamés intellectuels, dépassés par le monde moderne et qui n’ont pas de mots assez durs pour fustiger ce qu’ils n’ont pas les moyens de comprendre.
Tout se passe comme si nous avions d’une part une population tournée vers l’avenir, imaginant une démocratie modernisée, une économie collaborative, sociale et solidaire, s’adaptant aux nouveautés numériques (telle la petite poucette de Michel Serres) mais tout aussi capable d’imaginer un débat public sur le revenu universel, la dépénalisation des drogues douces ou l’accueil des réfugiés, et d’autre part une classe politique résolument tournée vers un passé archaïque, rêvant d’uniformes scolaires, de morale à l’école, d’interdiction du mariage pour tous, et d’un paternalisme assis sur le cumul des mandats, le copinage et la corruption.