• Comparer « transitions » postcommunistes et révoltes arabes. Un point de vue semi-sceptique | Sciences Po CERI
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    Les révoltes arabes de l’hiver 2010-2011 sont-elles un « 89 arabe » ? C’est ce qu’affirmaient l’historien Benjamin Stora et le journaliste Edwy Plenel dans un ouvrage paru en 2011 quelques mois après les événements1. L’ébranlement des autoritarismes arabes avait, à leurs yeux, une signification équivalente à l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, comme si les insurgés de Sidi Bouzid et du Caire avaient repris le combat des ouvriers de Gdansk et des manifestants de Bucarest, réactualisant également l’esprit et le projet de la Révolution de 1798, érigée en « mère » de toutes les révolutions. Malgré les démentis apportés par une réalité post-révolutionnaire plus complexe et inattendue qu’imaginée de prime abord, les rapprochements entre ces deux événements éloignés d’un peu plus d’une vingtaine d’années se sont multipliés depuis 2011, dans le monde universitaire, de l’expertise et du commentaire politique2. Tout se passe comme si le raisonnement comparé, appliqué en particulier à l’Europe de l’Est, avait acquis force d’évidence auprès des acteurs et observateurs des bouleversements politiques dans le monde arabe.