Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • L’école primaire en France et en Allemagne : quelles valeurs ? (Regards croisés)
    http://www.tele-tandem.org/doclies/annedussapregards/annedussapregards2.html

    L’enseignant français (dépeint par les enseignants allemands) : c’est un fonctionnaire de l’Etat. Sa position de « maître » lui confère une certaine autorité. Il est sévère et sait faire régner la discipline ; il demande généralement beaucoup aux enfants. Comme le notait un enseignant allemand, il n’est pas du tout « maternel » avec les enfants, même petits ; au contraire, il a une relation distante … et pourtant amicale. Il semble qu’il n’ait aucune considération pour les élèves en tant qu’individus mais il est finalement très attentif aux enfants. Il doit enseigner toutes les matières, même s’il n’est pas compétent pour certaines d’entre elles. Il n’y a pas de réunions où l’on puisse discuter de pédagogie et peu d’échange de pratiques professionnelles. En revanche, il a beaucoup de travail administratif dès qu’une activité sort du cadre scolaire habituel (formulaires administratifs, permissions à demander, etc.).

    Par contre, je ne reconnais pas mes élèves dans le portrait de l’élève français… en tout cas les miens ne sont pas si disciplinés et respectueux… :)

    Et les locaux de l’école allemande font rêver :

    L’école est spacieuse, claire, moquettée. Des tableaux neufs à la hauteur des élèves (parce qu’ils coulissent le long du mur) sont là pour rappeler que le tableau, « un haut lieu de l’instruction », n’est pas l’apanage de l’enseignant et que le savoir se construit par et avec les élèves. Côté matériel, il n’y a pas à se plaindre : tout le matériel éducatif dont on pourrait rêver … et même plus !
    La cour est vaste, les enfants sont libres d’aller où ils veulent ; pendant les pauses, ils peuvent même entrer et sortir des bâtiments et de l’enceinte de l’école […].

    #éducation #école #élèves #enseignant.e.s #locaux #pédagogie #autorité #Allemagne_vs_France

    • Ce texte contient un grossier mensonge qui dissimule une vérité rarement évoquée.

      la relation pédagogique en Allemagne se définit comme suit : « A la base de l’éducation est le « rapport personnel entre un adulte et un être en devenir et qui parvient lui-même à sa vie et à sa forme. […] L’éducateur doit défendre le droit individuel du jeune au développement et à l’auto-réalisation contre d’autre prétentions qui ne seraient pas justifiées. Avant tout, il doit l’aider à se dégager des injonctions non justifiées de la société.[…] La relation pédagogique est un rapport d’interaction. L’éduqué, n’est pas seulement l’objet d’une intervention éducative mais il est considéré comme un sujet à qui l’on reconnaît le droit d’agir sur le rapport pédagogique. » 14). Dans la relation pédagogique à l’allemande, l’élève et l’enseignant sont partenaires pour la réalisation des potentialités de « l’éduqué » (l’élève) et le développement de son esprit critique. La loi doit être établie dans la discussion et la négociation entre les différents intéressés, c’est-à-dire entre enseignant(s) et élèves. Toute loi édictée par une autorité supérieure peut être contestée et refusée ; elle n’a pas de légitimité en soi. Dans sa mission, l’enseignant est d’ailleurs garant de la « non-obéissance aveugle » à une loi extérieure et doit amener les élèves à l’élaboration commune d’une règle valable pour la collectivité. On retrouve dans ce principe aussi la culture du « Mitentscheiden » ou participation aux décisions 15), où l’élève est non seulement consulté mais « co-décideur » des règles qui le concernent.

      Ce texte résume le mensonge á la base de l’échec de l’école allemande en tant qu’ascenseur social. Des parents d’origine modeste qui font confiance á ce discours contribuent au rejet de leurs enfants par les institutions pédagogiques acceuillant les adolescents et jeunes adultes. Il les font tomber dans le piége de la sélection brutale dissimulée derriére le discours évoqué par Anne Dussap-Köhler.

      Pour les enfants issus des familles petites bourgeoises c’est une affaire qui marche. Il connaissent tous ce type de discours mensonger parce qu’il fait partie du récit familial. Leur situation de classe les oblige à se soumettre aux autorités sans afficher une attitude serviable, á exploiter et à mépriser les plus pauvres qu’eux et à respecter leurs semblables. Ils apprennent dès la plus jeune enfance à maîtriser un discours mensonger adapté à cette situation.

      La bourgeoisie par contre place ses enfants dans des institutions où sont au programme la discipline et le travail tout comme la solidarité de classe et parfois la liberté d’esprit. Pour les trés riches il s’agit souvent d’institutions privées internationales, mais il existe une catégorie d’écoles pour les enfants de l’élite des fonctions. Ces écoles représentent un niveau intermédiare entre les lycèes ordinaires et les écoles hyper-élitaires. A Berlin par exemple ce sont le lycée protestant Gymnasium zum grauen Kloster , l’école des jésuites Canisius Kolleg , le lycée juif Jüdische Oberschule et le Lycée Français . Il y a aussi la John F. Kenndy School et l’ International School payante.

      Au fond les rapports de force et le rôle de l’école dans la société sont pareils en France et en Allemagne. Ce qui compte pour la réuissite des éléves ce sont les notes et ce n’est pas en discutant qu’on n’obtient de bon résultats. Le discours officiel allemand représente l’héritage empoisonné de ’68 auquel aiment croire les jeunes enseignants pas encore désabusés. Malheureusement le projet de libération de la société a échoué et a laissé derrière une carcasse de pédagogie vide.