Tunlim est l’une des victimes de cette industrie. Embarqué contre son gré sur un navire qui vogue en pleine mer sans jamais revenir à terre*, il apprend en outre que le broker l’a vendu au propriétaire du navire pour 15 000 bahts (405 francs), une dette qu’il doit rembourser sur son maigre salaire de 6000 bahts (163 francs). En mer, sa tâche est dantesque. « Nous travaillions 24 heures sur 24, avec de courtes pauses pour dormir mais jamais plus de deux heures, relate-t-il. Nous n’étions nourris qu’une fois par jour et avions constamment peur d’être jetés à l’eau ou battus. Le capitaine nous observait en permanence à l’aide de caméras de surveillance. »
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« Les trois premières années, nous revenions à terre tous les trois mois, puis une fois par an, se souvient le marin âgé aujourd’hui de 33 ans. En 2008, le bateau a perdu sa licence, alors nous sommes partis pêcher au large du Timor-Oriental et ne sommes plus jamais revenus au port. Pendant sept ans. »