• http://diacritik.com/2016/02/13/le-journal-de-kafka-regards-sur-une-traduction-prometheenne-et-entretien-

    La critique littéraire existe dans un rapport de consanguinité avec les maisons d’édition, ce n’est pas nouveau, c’est même un système mis en place par quelques « grands éditeurs ». En France, on trouve des critiques littéraires qui sont en même temps publiés dans une grande maison d’édition parisienne et qui écrivent des compte-rendus sur des livres qu’elle publie. La critique s’inscrit dans un système marchand, elle est devenue une forme un peu élaborée – mais de moins en moins – de promotion totalement intégrée au marketing des maisons d’édition. Il y a donc des raisons sociologiques et économiques lourdes qui empêchent l’apparition de toute démarche critique qui soit extérieure au système marchand.

    Le fait que le web littéraire soit totalement ignoré par la critique révèle avec force que celle-ci a avant tout une fonction économique, même si elle se conçoit elle-même comme une activité noble, désintéressée, ce qu’elle n’est quasiment jamais en vérité, car le livre est avant tout une marchandise et il se monnaye de différentes façons.

    Donc je n’attends rien de la critique littéraire en tant qu’auteur publiant sur le web. D’autres auteurs sur le web ont choisi de renoncer à l’écriture sur blog pour proposer des ebooks et des livres en librairie en attendant une reconnaissance du monde littéraire traditionnel, je pense que c’est une régression. Il me semble qu’il faut continuer à travailler vaille que vaille au développement d’un web littéraire autosuffisant, et dans ce cadre-là il y a d’autres modes de réflexion critiques à inventer.

    Dans le cadre de la web-association des auteurs que j’ai fondée en 2013 avec quelques ami(e)s, nous proposons les premières résidences d’écriture numérique à l’automne prochain. Des blogueurs (auteurs eux-mêmes le plus souvent) accueilleront des écrivains dont ils proposeront de lire une œuvre sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, un entretien (pourquoi pas vidéo), des ressources diverses. Ce sera une forme de compagnonnage littéraire, invitant à découvrir un auteur, une écriture. Je vois poindre ici et là des formes de réception critique de ce qui se crée sur le web, je pense par exemple au travail remarquable de Noëlle Rollet sur son blog Glossolalies.