Tout devrait s’arranger en 2017, puisque Manuel Valls s’est engagé la semaine dernière à « recentraliser » le RSA. Autrement dit, l’Etat reprendra en charge l’intégralité du financement…
Non, l’Etat ne prendra pas en charge 100 % du montant du RSA, il promet seulement d’assumer 100 % de la hausse du RSA. C’est une avancée, mais ce n’est pas suffisant. Je veux que le gouvernement s’engage à présent à ne pas traiter tous les Conseils généraux de la même manière. Je m’explique : je suis à la tête du département le plus pauvre de France. J’ai le même nombre d’habitants que les Hauts-de-Seine, mais deux fois plus d’allocataires RSA. Si les départements continuent à être traités de la même manière, les habitants de Seine-Saint-Denis continueront à payer deux fois plus que ceux des Hauts-de-Seine pour financer le RSA, alors qu’ils sont plus pauvres !
Concrètement, de quelle manière vos administrés payent-ils plus ?
D’abord à travers les impôts. Par exemple, la part prélevée par le département dans la taxe foncière est de 14,88 % en Seine-Saint-Denis, contre seulement 7 % dans les Hauts-de-Seine. Et puis, pour trouver l’argent nécessaire au financement du RSA, nous sommes obligés de réaliser des économies. Certaines sont faciles – nous avons par exemple supprimé toutes les cérémonies de vœux – mais d’autres sont plus douloureuses : nous baissons les budgets sur l’entretien des routes, sur la création d’équipements sportifs, sur la rénovation de structures culturelles, sur les subventions aux associations… La vérité, c’est que depuis la décentralisation du RSA en 2004, l’Etat fait payer par les pauvres la solidarité envers les plus pauvres. Ce n’est pas juste et ce n’est plus acceptable.