Sylvain Manyach

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  • Tribune. #Kamel-Daoud victime de l’arrogance des universitaires | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/tribune-kamel-daoud-victime-de-larrogance-des-universitaires

    Le recours abusif au tout-scientifique (au tout-sociologique en particulier) pour comprendre le réel, qui est très à la mode, ne doit pas faire oublier qu’il serait dangereux d’abandonner l’événement aux seules sciences humaines et sociales ou au seul discours politique. La littérature a quelque chose à en dire, non seulement à travers la fiction, mais aussi à travers des essais littéraires, des chroniques, des pages de journaux, de la poésie, des réflexions dont l’orientation ne cherche pas à être rigoureusement scientifique, mais soucieuse d’autre chose, que le registre littéraire seul peut exprimer, et qui fait aussi partie d’une quête de sens.

    Sur la nuit de Cologne, j’ai lu des textes philosophiques, écouté nombre de propos tenus par des responsables politiques (allemands ou français), consulté beaucoup d’articles et d’éditoriaux de journalistes. L’analyse de Kamel Daoud était, avec celle du philosophe Slavoj Zizek, l’une des plus intéressantes, pour une raison simple : elle ne s’est pas seulement limitée aux faits pour son interprétation ; son propos était relié à une expérience plus générale du rapport ambigu, malade lorsqu’il est radicalisé, de l’islam à la femme, à son corps, à sa sexualité. Thèse qui n’est du reste même pas provocatrice, mais qui détonne dans la sanctification absolue (et superficielle) du migrant musulman qui prévaut aujourd’hui, et dans l’approche entomologique des sciences sociales quant à ce phénomène.