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  • Travail : le sale air de la peur
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/767-travail-le-sale-air-de-la-peur

    Pascal, Jérémy et Marie sont respectivement informaticien à Auchan, préparateur de commandes et chargée de l’accueil du public à Chronodrive. Trois parcours croisés, trois métiers différents, mais une même peur au travail, la leur ou celle de leurs collègues. Apparaissant sous des formes les plus banales, ce sentiment devient envahissant, et finit par devenir inacceptable. Source : La Brique

    • La révolution managériale : éloge de l’autocritique du travailleur

      « Points du matin », « entretiens d’activité », et autres « points annuels ». Ces « débriefings » personnalisés se transforment en jugements de sa manière d’être et plus seulement de ses savoir-faire. Alors que la conscience professionnelle, voire l’amour du métier, sont déjà des motifs d’implication profonde dans l’activité, « faire » ne suffit plus : il faut « être ». À Auchan, le sens de son travail commence à échapper à Pascal, les motifs de ses « mauvaises évaluations » lui sont inconnus : il ne comprend plus ce qu’il doit faire, sur quelle base il est évalué. Cela l’embarque dans un mélange de surprise et d’incompréhension d’abord, d’injustice ensuite, face aux sanctions et signes de mépris distillés à petite dose quotidienne par ses « n+1 » ou « n+2 »3.

      Pas de « grands événements », dit-il, mais de « petits détails, petites mesquineries, petits mots méchants […] Et là, tu commences à avoir peur, d’abord la peur de perdre ton salaire. […] Puis y’a parfois des gens qui disparaissent [en dépression, suicide, ou licenciés]… et tu ne sais plus ce que tu dois faire, vis-à-vis de ton employeur ».

      La trajectoire de Pascal est symptomatique d’un changement puissant légué par le Medef. En 1999, celui-ci met en place une « révolution managériale », selon son président Ernest-Antoine Seillière. Cette nouvelle ligne consiste à évaluer au sein de l’entreprise les « compétences relationnelles » des salariés, c’est-à-dire la manière dont chacun exerce son « autonomie » et sa « responsabilité ». La porte est ouverte au « savoir-être », et la grande mode devient celle de j(a)uger le travailleur tout entier, censé être « engagé » dans et pour l’entreprise. Ce dernier ne doit plus seulement mettre correctement en œuvre les tâches dont relève son métier, il est aussi responsable des résultats face au marché, au client, au prestataire4. L’emploi au petit bonheur des évaluations...

      #management #travail #peur #arbitraire

    • Bel article bien représentatif des choses de la vie au travail. Un bémol cependant, j’estime que la seule riposte ne peut être que la syndicalisation et la résistance collective. Certes chez ces braves patrons nordistes, on n’aime pas les syndicats. Dans mon bled il a fallu dix ans et beaucoup de souffrances pour que des salarié(e)s arrivent à créer une section syndicale CGT dans le centre commercial de la marque en question. Néanmoins, ça a changé leur vie et celle de la direction : fini l’impunité, les I R P aujourd’hui se battent et obtiennent de belles avancées...

    • Froid dans le dos, oui. Ce sentiment d’impuissance et d’absurdité que l’on éprouve au quotidien sur son lieu de travail est terriblement dévastateur.
      Et quand je lis ça

      D’ailleurs, la liberté d’expression de Jérémy a été jugée si néfaste pour l’entreprise que ses chefs lui ont offert, avant son départ, un mois de congés payés à condition qu’il ne mette plus les pieds à Chronodrive et qu’il ne parle pas à ses collègues ! Parfois, la peur change de camp…

      , alors, oui, que la peur change de camp !
      Mais il arrive aussi que ses propres collègues, voire même tes proches, fassent (sans qu’ils s’en rendent bien compte) partie du camp adverse. Et tu te dis que, puisque tu fais peur à tout le monde, tout ce que tu avais construit autour de ton métier, ton couple et ta famille, n’était qu’un mirage.