Pierre Joxe : « Quand l’histoire coloniale pèse tellement sur le présent, il vaut mieux la connaître »
Bondy Blog
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Comment ce passé se répercute-t-il sur notre époque, dans le traitement politique des populations d’origine post-coloniale ?
Nous vivons aujourd’hui des crises qui s’accompagnent de certaines images de guerre, et même de guerre coloniale. Quand vous voyez qu’on emploie des soldats à monter la garde dans les gares, qu’on envisage de donner des habilitations à des unités militaires pour ouvrir le feu dans des opérations de police, qu’il y a des études menées pour voir dans quelle mesure des opérations de maintien de l’ordre en milieu urbain pourraient s’inspirer des opérations de maintien de la paix en milieu étranger, il y a de quoi s’inquiéter.
Surtout si les réflexions sur les origines sociales du terrorisme sont refoulées, presque interdites par des déclarations ahurissantes proclamant : « Expliquer, c’est déjà vouloir excuser ».
Parce que la confusion entre les problèmes sociaux et la définition d’un « ennemi intérieur » n’est pas une nouveauté en France. Elle existait il y a soixante ans. C’est-à-dire que les colonisés, arabes, et kabyles appelés par des noms racistes, insultants et méprisants, les « Bougnoules », les « Bicots »… étaient traités comme une race inférieure. On en tuait lorsqu’ils étaient récalcitrants. On en a jeté des dizaines à la Seine. C’était des « ennemis intérieurs ».